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Pierre Chevallier

Au début des années 1970, ma première prise de conscience d’un avenir pas forcément tout rose pour le futur ingénieur que je m’apprêtais à devenir date de la lecture du rapport Meadows sur les limites de la croissance, peu de temps après sa parution. Le livre avait largement circulé parmi les élèves de l’ENSEEIHT à Toulouse, et tout particulièrement parmi les hydrauliciens, en suscitant de grands débats. Que la question environnementale devienne un frein aux bétonneurs que nombre d’entre nous aspiraient à devenir était un sacré pavé dans la mare !

J’avais passé mon enfance dans la fin de la France coloniale, entre l’Algérie, où mes parents vivaient, et la Tunisie, où la branche maternelle était installée depuis les années 1880, puis mon adolescence à Strasbourg où je fréquentais avec une certaine fascination un copain de mon père, ingénieur chez Campenon-Bernard (aujourd’hui dans le groupe Vinci), qui travaillait à l’achèvement de l’aménagement fluvio-hydro-électrique de la rive alsacienne du Rhin. Après un stage à la Compagnie Nationale du Rhône sur le chantier du barrage de Vaugris, à côté de Vienne, mon projet était dessiné : j’irai travailler sur des ouvrages hydrauliques dans les pays du Sud. Autant l’avouer tout de suite, je n’ai jamais construit de barrage nulle part ! Mais mon recrutement par l’ORSTOM, en 1975, à 22 ans, était une belle occasion de mettre en œuvre mes aspirations pour les problèmes d’eau et pour les défis du développement.

Depuis le début des années 1960, l’hydrologie à l’ORSTOM, très liée à la branche outre-mer d’EDF, consacrait une large part de ses moyens humains à améliorer les formules de dimensionnement d’ouvrages hydrauliques dans le contexte tropical, où les normes - souvent des abaques grossières - qui provenaient pour l’essentiel des pays tempérés développés étaient inadaptées. La question météo-climatique surgit à l’instant où l’on parle de ressources en eau et des chemins qu’elles parcourent qu’il s’agisse de ruissellement sur des parcelles, naturelles, agricoles ou urbaines, ou d’écoulements de rivières, de canaux ou de grand fleuves. L’étude des mécanismes des écoulements de surface, qui sont très vite devenus mon sujet de prédilection, passe par une connaissance sérieuse du climat au travers de l’observation des variables climatiques, de l’analyse de séries temporelles et de la modélisation.

C’est de variabilité climatique dont on parlait dans les années 1970-80 et pas encore de changement climatique. Les premiers projets auxquels j’ai contribué concernaient les anomalies des crues du Niger au Mali, puis le projet Mare d’Oursi en Haute-Volta, avant qu’elle devienne Burkina Faso. Il s’agissait d’observer et de tirer des conclusions opérationnelles dans le contexte de la forte sécheresse qui a sévi au Sahel au début des années 1970. Bernard Pouyaud, que je rencontrais à ce moment-là, était l’un des initiateurs du deuxième projet ; nous n’avons ensuite jamais cessé de travailler ensemble.

1981 Burkina Faso Mare d Oursi

Si la connaissance météo-climatique restait centrale, c’est à d’autres changements que je me suis intéressé les années suivantes, ceux des sols, des couverts végétaux ou agricoles et des aménagements du territoire, d’abord dans les savanes du nord-ouest de la Côte d’Ivoire, qui ont fait l’objet de mon doctorat, puis dans les grandes cultures du sud brésilien.

C’est à ce moment là que la question du changement climatique est apparue en force dans ma carrière à l’occasion de deux épisodes majeurs :
En 1992 au Brésil, les politiciens et les négociateurs se retrouvaient à Rio de Janeiro pour le sommet de la terre, première édition des fameuses COP ; les scientifiques s’étaient préalablement réunis à Fortaleza. Je me souviens y avoir présenté une approche comparative des situations hydro-climatiques du Sahel africain et du Nordeste sud-américain.
Puis fin 1993, Bernard Pouyaud qui avait pris la direction du Département des Eaux Continentales de ce qui était encore l’ORSTOM, me confiait la direction d’une unité de recherche en charge des mécanismes du cycle de l’eau en lien avec le climat. Cette unité possédait trois volets, l’un orienté vers le développement d’outils de modélisation hydrologique, les deux autres ciblant explicitement le changement climatique, avec deux approches géographiques : l’Afrique de l’Ouest et les glaciers tropicaux andins.

Le projet africain s’intéressait à la mousson africaine. Centré sur le Niger et le Bénin, il a d’abord pris le nom d’Hapex-Sahel, par analogie avec le projet Hapex-Mobilhy (Hydrologic Atmospheric Experiment – Modélisation du Bilan Hydrique) qui s’était déroulé quelques années plus tôt dans les départements du Gers et des Landes en France, coordonné par Jean-Claude André. Il a rapidement pris une importance internationale, entre autres à l’initiative de Thierry Lebel, et se poursuit encore aujourd’hui sous le nom d’AMMA (Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine).

Personnellement, c’est surtout sur le projet andin que je me suis scientifiquement investi en parallèle de charges de gestion de la recherche. Initialement appelé NGT (Neige et Glaciers Tropicaux), il est devenu au début des années 2000 une unité de recherche propre du nouvel IRD sous le nom de Great-Ice (Glaciers et Ressources en Eau dans les Andes Tropicales - Indicateurs Climatiques et Environnementaux). Outre moi-même, Bernard Pouyaud, Bernard Francou et Pierre Ribstein en étaient les principaux animateurs, sous la supervision de Jacques Merle, alors directeur du Département Milieux et Environnement de l’IRD. Cela a été l’occasion d’un rapprochement avec les équipes de Météo-France, tout particulièrement avec Joël Noilhan.

1995 Bolivie Pouyaud Francou Ribstein

Au début localisé dans les Andes (Bolivie, Chili, Equateur et Pérou), ce programme s’est diversifié, rejoignant en 2009 deux unités mixtes de recherche (HSM et LTHE, devenu IGE) associant l’IRD, le CNRS et les universités de Montpellier et de Grenoble. Assez vite les activités se sont élargies à l’Himalaya (Inde et Népal), puis à l’Asie Centrale (Kirghizistan et Tadjikistan). De nombreux échanges se sont mis en place avec d’autres unités de recherches, tout particulièrement le CNRM, le CESBIO et le LEGOS à Toulouse, le LSCE et le CEH (Centre d’Etudes Himalayennes) en Île de France.

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