Yves Dandonneau
Consacré aux aspects scientifiques du changement climatique en cours, le sixième rapport du groupe de travail du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a été rédigé par 234 auteurs et s’appuie sur plus de 14 000 articles publiés, pour la plupart dans les dix dernières années, dans des revues scientifiques par une très large communauté de chercheurs. Les travaux qui ont permis d’élaborer toutes ces connaissances ont été essentiellement soutenus par des financements publics, et ont bénéficié d’une forte coordination internationale, et de moyens puissants tels que l’observation de la Terre depuis les satellites, et la modélisation numérique.
Le risque de réchauffement du climat terrestre causé par l’effet de serre additionnel du aux rejets anthropiques de gaz carbonique dans l’atmosphère a été perçu dès le dix-neuvième siècle. Parmi les précurseurs intuitifs, les noms les plus fréquemment cités sont ceux de de Saussure, Fourier, Tyndall , et enfin Arrhenius , qui calcula que pour un doublement de la concentration en gaz carbonique de l’atmosphère, le climat se réchaufferait de 2°C. La première, probablement, à avoir évoqué le lien entre la température de la Terre et la concentration en gaz carbonique de l’atmosphère est Eunice Newton Foote qui déclarait en 1856 dans «The American Journal of Science» que «une atmosphère de ce gaz (le gaz carbonique) donnerait à notre Terre une température élevée ; et si, pour une raison quelconque, à un moment de son histoire, l’air en comportait une plus forte proportion qu’à présent, une température plus élevée résulterait nécessairement de l’action de ce gaz et de son accroissement de masse».
Mais alors, la révolution industrielle était à peine commencée, et ces connaissances relevaient davantage du pur intérêt scientifique que de l’avertissement.
Ce n’est qu’à partir de 1950 environ que la menace d’un réchauffement du climat causé par l’accroissement de la concentration en gaz carbonique de l’atmosphère est devenue une préoccupation scientifique, qui a grandi de plus en plus vite, fédéré des disciplines scientifiques qui s’étaient jusque là ignorées, de la physique de l’atmosphère à la physiologie de la photosynthèse, et qui a peu à peu mobilisé les organismes scientifiques, le programme mondial de recherches sur le climat, les états, les organisations internationales, jusqu’à la mise sur pied du GIEC, les COPs (Conférence des parties) et l’accord de Paris conclu en 2015 et signé depuis par près de 200 pays.
La prise de conscience par la communauté scientifique, la collaboration, et l’organisation qui sous-tendent la mise en place de moyens et d’infrastructures aussi importants, se sont faites progressivement au départ, puis plus rapidement dans les années 1980-90. La plupart de ceux qui aujourd’hui sont membres du Club des Argonautes ont débuté leur carrière scientifique avant cette mutation. Puis ils y ont contribué, ou, au moins, ont «pris le train en route». Dans les pages qui suivent, ils racontent comment, par enchaînement logique, par choix, ou à cause de rencontres, ils ont rejoint la communauté des climatologues.
Voici les témoignages de quelques membres du Club et scientifiques en relation avec le Club :
Chemins de l’eau et du climat. Pierre Chevallier
Ce qui m'a fait venir aux recherches sur le climat. Yves Dandonneau
De la Géophysique générale au climat. Jean-Louis Fellous
De ma thèse d'Etat sur l'étude des nuages de Vénus au changement climatique Yves Fouquart
Mon chemin pour arriver au changement climatique. Catherine Gautier
Le changement climatique, je suis tombé dedans quand j'étais petit.... Laurent Labeyrie
L’émergence de l’océanographie physique en France Jacques Merle
Ma découverte progressive du changement climatique. Jean Pailleux
Prise de conscience du changement climatique. Bernard Pouyaud
Un témoin de cinquante ans de recherches sur le climat. Olivier Talagrand
Découverte du Climat. Bruno Voituriez