Michel Petit
Chacun de nous s’intéresse à la température qui règne autour de lui, à ses variations diurnes et saisonnières.
La moyenne dans le temps des températures observées en un lieu donné constitue un indicateur qui permet par exemple de caractériser la différence de température entre Abidjan et Paris.
Il existe certes des variations de température locale dont ne rend pas compte la moyenne et que subissent les habitants, mais ce sont précisément ces variations aléatoires que la moyenne permet de lisser, de façon à avoir une valeur significative.
La température moyenne mondiale est obtenue en faisant une nouvelle moyenne sur tous les points du globe. C’est un indicateur de la tendance générale des températures partout dans le monde, et cet indicateur est largement utilisé pour caractériser le réchauffement global de la planète, même si on ne peut le mesurer directement nulle part.
Les modèles numériques simulent la température en tous les points du globe, et en faire la moyenne ne présente aucune difficulté.
Mesurer la température moyenne mondiale est plus délicat, parce que la répartition des stations d’observation n’est pas homogène et surtout parce qu’il n’en existe pas dans certaines zones peu accessibles.
Les auteurs n’utilisent pas tous la même méthodologie pour pallier cette absence, ce qui explique de petites variations dans les résultats obtenus.
Certains ne tiennent pas compte de ces zones, ce qui revient à leur attribuer une valeur égale à la moyenne mondiale. D’autres pensent plus représentatif de la réalité d’attribuer à ces zones la moyenne des régions adjacentes, en faisant remarquer qu’il existe généralement une corrélation forte entre les températures de régions voisines. Les résultats obtenus diffèrent peu mais peuvent conduire à des modifications de détail du classement des années par ordre de température croissante.
Le record absolu de chaleur peut ainsi être attribué soit à 1998 soit à 2005. L’évolution dans le temps de la température moyenne est peu affectée selon que l’on prend telle ou telle option, à condition de conserver la même pour toutes les époques.
Le mérite essentiel de la température moyenne mondiale est d’être un indicateur des tendances mondiales, lissant les fluctuations naturelles dans le temps et dans l’espace. Néanmoins, cette moyenne fluctue elle-même d’une année à l’autre et seul son comportement moyen sur plus de 10 ans est significatif.
La réalité n’est décrite que partiellement par une moyenne quelconque et il ne faut pas perdre de vue que les mesures de température montrent que les continents se réchauffent plus que les océans. Le réchauffement des continents, où vivent généralement les humains, est environ le double de la moyenne mondiale, et celui des régions les plus septentrionales le triple.
De même, les modèles simulent que, pour un réchauffement en moyenne mondiale de 2°C, le réchauffement des continents sera de 4°C et celui des régions septentrionales de 6°C. L’intérêt et les limites des moyennes sont transposables à tous les paramètres caractérisant le climat, et en particulier à l’importante question des précipitations.
Extrait de l'ouvrage "Climat - une planète et des hommes" édité par le cherche midi éditeur en 2011. Toute reprise totale ou partielle de ce texte doit obligatoirement mentionner le titre et l'éditeur de l'ouvrage.