Jean Labrousse
La température ne se mesure pas directement. En fait, on mesure le changement que subit l’organe sensible sous l’effet d’un changement de température. Par exemple une dilatation, une déformation, la variation de la résistance électrique d’un conducteur, la variation de conductivité d’un semi-conducteur, le développement d’une force électromotrice, etc.
L’homme est très sensible à la température. Ce qu’il ressent résulte des échanges thermiques entre son corps et le milieu ambiant, ce qui peut être très différent de la température de l’air qui l’entoure. C’est pourquoi on parle alors de «température sensible».
Pour mesurer la température de l’air on doit s’assurer que l’organe sensible, par exemple le réservoir du thermomètre à mercure, est en équilibre thermique avec l’air dans lequel il baigne.
L’air est très mauvais conducteur de la chaleur, on l’utilise par exemple comme isolant dans les fenêtres à double vitrage, les échanges de rayonnement entre l’air et le réservoir sont négligeables, ce sont les échanges convectifs qui prédominent. On doit donc assurer une bonne ventilation du thermomètre.
Il doit être protégé du rayonnement solaire direct et du rayonnement réfléchi par le sol, et être à l’abri de la pluie.
Cela conduit à le mettre dans un abri ventilé, les parois de cet abri le protégeant des effets indiqués ci-dessus.
Enfin, si la connaissance de la température en un point est importante, il faut aussi s’assurer que des mesures faites en des lieux et à des moments différents sont comparables.
Pour ce faire, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) édicte des normes définissant les caractéristiques des thermomètres à employer, des abris, de leur emplacement, etc.
Par exemple, pour les mesures au sol, le thermomètre doit être orienté au nord, à 1,50 m au-dessus du sol, ce dernier devant, du moins aux latitudes moyennes, être gazonné. L’abri doit être conforme au modèle conçu au milieu du dix neuvième siècle par Thomas Stevenson, un ingénieur écossais, fils de l’écrivain Robert-Louis Stevenson.
Enfin des campagnes d’inter-comparaison sont régulièrement organisées, en particulier pour les mesures effectuées à l’aide d’instruments emportés par des ballons, les radiosondes.
Le respect des conditions qui précèdent permet de rendre les mesures comparables dans l’espace et dans le temps, donc d’en suivre l’évolution.
Si l’on peut faire remonter le premier réseau de mesure de la température de l’air à 1653, à l’initiative de Ferdinand II, grand-duc de Toscane, les mesures de la température effectuées à partir d’instruments fiables ne remontent qu’aux environs de 1860.
Depuis lors, bien entendu, les instruments ont évolué, les stations ont changé d’emplacement, leur environnement s’est modifié, et c’est pourquoi les données brutes nécessitent une étude critique qui permette d’assurer leur comparabilité dans le temps. Des méthodes fiables ont été développées par des centres de recherche dont l’université d’East Anglia, au Royaume-Uni, est la référence mondialement reconnue.
Voir aussi :
Article Météo France sur la température
Extrait de l'ouvrage "Climat - une planète et des hommes" édité par le cherche midi éditeur en 2011. Toute reprise totale ou partielle de ce texte doit obligatoirement mentionner le titre et l'éditeur de l'ouvrage.
Actualisé janvier 2016.