Actualité : océan, climat, énergie
Septembre 2024.
Comme les archives météorologiques, les archives hydrologiques françaises sont ouvertes.
Pierre Chevallier – avec les compléments apportés par Carine Chaléon, DRIEAT Ile de France, ainsi que Stéphanie Pitsch et Jean-Nicolas Audouy, SCHAPI.
Relectures de Dominique Marbouty, Bernard Pouyaud et Yves Dandonneau.
En décembre 2023, nous proposions une « brève » sur l’ouverture à tous des archives météorologiques de Meteo-France.
Les archives hydrologiques des cours d’eau français étaient pour leur part disponibles depuis les années 2000 sous la forme de hauteurs d’eau ou de débits, mais avec une limitation en volume. Depuis juin 2024, il est possible de les récupérer dans leur totalité.
Dès le début des années 2000, la banque Hydro, devenue Hydro Portail, a permis de localiser les stations hydrométriques françaises, d’identifier les variables disponibles et de visualiser / importer (en clair sous la forme d’un tableau csv) une série temporelle limitée à 500 000 enregistrements. Depuis 2020, on peut aussi obtenir les données instantanées des 30 derniers jours via une API (interface de programmation d’application) Hubeau, ainsi que les moyennes journalières et mensuelles sur l’ensemble des chroniques disponibles. D’autres métadonnées sont accessibles par le site Sandre, plus ancien. Noter que la fluidité de ces sites est loin d’être optimale.
Depuis juin 2024 on a la possibilité d’importer la totalité de la base de données hydrométriques françaises, incluant l’outre-mer, sans limitation du nombre de stations ou du nombre d’enregistrements. La procédure de récupération décrite ci-après est relativement complexe.
Elle s’opère à partir d’un fichier compressé "stations.tar" (4Gb) que l’on récupère avec un mot de passe explicitement indiqué sur le site de data.eaufrance. Après déstockage du fichier tar, on obtient d’une part un fichier en clair (tableau csv) qui inventorie la liste de toutes les stations françaises avec des données, et d’autre part un répertoire de ces stations, lui-même divisé en sous répertoires annuels dans lesquels les données sont archivées sous une forme compressée gz.
[Pourquoi introduire un mot de passe qui n’en est pas vraiment un puisqu’il est donné ? C’est aussi un peu bizarre d’utiliser deux algorithmes d’intégration/compression distincts pour des données en accès libre, d’autant plus que, s’ils sont bien connus des usagers de Linux, tar (un intégrateur) et gz un compresseur), sont largement ignorés des communautés majoritaires Windows ou MacOs !].
Pour accéder aux informations d’identification de stations et aux méta-données de ces dernières, on peut utiliser le fichier d’inventaire mentionné ci-dessus, mais on gagnera du temps en utilisant les formulaires du référentiel Hydro Portail. A partir du (ou des) code(s) de station, on accède aux données qui nous intéressent.
Si on peut se féliciter de l’ouverture de ces données à tous, on est en droit toutefois de s’interroger sur la complexité de la procédure, quelque soit l’accès utilisé ! De plus, alors que Meteo-France assure une mise à jour quasi quotidienne de sa base de données, celle de data.eaufrance ne devrait être renouvelée qu’avec une fréquence de 6 mois, selon les dispositions actuelles.
A titre d’exemple, je propose ci-dessous un affichage des données de trois grand fleuves extraites et traitées avec la librairie htsr dans laquelle j’ai inclus une fonction d’extraction de la base de données data.eaufrance.
On peut par exemple observer sur de telles longues chroniques :
(1) la crue historique de la Seine à Paris durant l’hiver 1910,
(2) une variation curieuse des débits d’étiage du Rhône à Tarascon (est-ce un effet des nombreux travaux d’aménagement ou bien des problèmes d’étalonnage ?),
ou (3) une fréquence plutôt irrégulière des fortes crues de la Garonne à Portet (une dizaine de km à l’amont de Toulouse).
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Août 2024
L’accès au CNES se fera désormais via le rond point Michel Lefebvre
Yves Dandonneau
*** La municipalité de Toulouse va donner le nom de Michel Lefebvre à un rond point situé près du CNES. Ce n’est pas souvent que des scientifiques sont ainsi honorés, et Michel Lefebvre le méritait amplement. Je ne l’ai guère connu, mes sujets de recherche ayant peu en commun avec l’observation des courants marins et l’altimétrie satellitaire qui étaient son domaine d’activités. Mais j’ai connu plusieurs de ses compagnons, et l’admiration qu’ils avaient pour lui s’exprimait avec joie de façon évidente dès que son nom était prononcé. C’est lorsque j’ai été invité à rejoindre le Club des Argonautes, dont Michel Lefebvre était un des membres fondateurs, que j’ai rencontré certains de ses collègues et amis. Sa maladie l’empêchait alors de participer à nos réunions dans les locaux du Bureau des Longitudes, mais il suivait de près nos échanges, et intervenait dans nos débats, souvent pour proposer des actions à mener, ou des textes pour illustrer telle ou telle évolution des connaissances dans les domaines de prédilection des Argonautes: l’océan, le climat et l’énergie. Les pages de notre site web regorgent de ses contributions, en particulier des poèmes , dont il était très gourmand et connaisseur. Il a été un meneur de projets grâce, bien sûr, à ses capacités scientifiques, et à sa vision de ce vers quoi devaient tendre les recherches en océanographie, mais aussi, et peut être surtout, grâce à sa touche particulière, où l’amitié et le plaisir d’avancer ensembles s’imposaient naturellement. Un exemple: à tous ceux qui sentaient que l’observation par satellite de la hauteur de l’océan allait révolutionner l’océanographie, il a lancé une invitation à venir en discuter chez lui à La Chapelle Aubareil. Tous ont été marqués par cette rencontre et en reparlent encore chaleureusement. Ce mélange inoubliable d’amitié, de fête et d’efficacité était sa marque. Son ami François Barlier a laissé sur Michel Lefebvre, un récit qui résume la carrière atypique de cet extraordinaire compagnon.
*** Merci et bravo à Richard Clavaud qui a porté cette demande jusqu'à son acceptation.
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Avril 2024
Depuis 2011, tous les 2 ans, l’Académie des sciencesremet le Grand Prix « Christian Le Provost » à un(e) jeune chercheur(e) océanographe âgé de moins de 38 ans. Ce prix biennal, doté d’un montant de 15 000€, a été créé par le CNRS, l’IFREMER, le CNES, l’IRD, le SHOM, le Cluster Maritime Français, le Conseil départemental des Côtes-d’Armoret la ville de Plérin.
En hommage à l’océanographe français Christian Le Provost, il récompense l’autrice ou l’auteur de recherches conduites dans un laboratoire français pour ses travaux remarquables en océanographie physique et biogéochimique.
Le 21 novembre 2023, à l’occasion de la cérémonie de remise des prix sous la Coupole de l’Institut de France, l’Académie des Sciences a attribué le 9ème Grand Prix « Christian Le Provost » à Damien Desbruyères, océanographe physicien au Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale de l’Ifremer Brest. Mais c’est ce vendredi 19 avril 2024 que cette récompense a été rendue officielle à Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor, sur les terres d’origine de Christian Le Provost.
Voir le site Océans Connectés
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Mars 2024
Nouvelle publication :
Aurions nous hérité de l’évolution une angoisse de manquer d’oxygène ? On pourrait le croire tant des formules comme « l’océan qui nous fournit la moitié de l’oxygène que nous respirons » ou « l’Amazonie, ce poumon de la planète » font florès dans les médias, suggérant que si ces milieux venaient à être détériorés par l’action humaine, alors, l’oxygène viendrait à nous manquer.