Mois de décembre 2005
1/2 40ème anniversaire des lancements des premiers satellites français
Crédit EADS Diamant A
Le 26 Novembre 1965 était mis à feu avec succès le premier lance-satellite français Diamant, à partir du champ de tir d'Hammaguir (Algérie). Retombée civile des développements faits par le Ministère des Armées, il faisait partie d'un lot de quatre lanceurs «expérimentaux». La France s'imposait ainsi comme la troisième puissance spatiale dans le monde capable de lancer une charge satellitaire.
En même temps, elle démontrait sa maîtrise opérationnelle des moyens au sol pour le suivi de la satellisation, la poursuite de satellites, et la restitution de leur trajectoire.
FR1
Le 6 Décembre 1965 était lancé FR1, 60 kg, premier satellite scientifique de construction française destiné à l'exploration de l'ionosphère, par un lanceur américain Scout de la base de Vandenberg en Californie. Couronné de succès, le programme franco-américain FR1 fut suivi de plusieurs autres.
Les capacités du lanceur Diamant paraissaient limitées, mais elles ont permis d'initier un programme de géodésie spatiale, utilisant deux techniques disponibles en laboratoire :
En optique, le développement d'émetteurs laser de forte puissance permettait des mesures de distance par réflexion sur des réflecteurs cibles, implantés à bord du satellite. Des mesures furent obtenues par le Service d'aéronomie du CNRS, sur le satellite américain BEB, depuis l'Observatoire de Haute Provence dès le 25 Janvier 1965.
En électronique, des développements sur les oscillateurs à quartz avaient abouti à la fabrication d'instruments de grande stabilité en fréquence, les variations de température étant régulées par thermostat.
Ces deux techniques furent mises en oeuvre avec succès. Rappelons que la France fut le second pays à réaliser des tirs laser sur satellite. Une des premières restitutions d'orbite laser de précision métrique fut présentée au COSPAR (Committee on Space Research) à Mar del Plata (Argentine) en 1965. Du point de vue des applications de la géodésie spatiale aux sciences de la Terre et des océans, ces réalisations furent "fondatrices" pour la communauté scientifique française.
D1A
Le 17 Février 1966 était lancé, également avec succès, le satellite D1A ou Diapason, 22 kg, par le deuxième lance-satellite Diamant «expérimental».
Satellite de construction entièrement française, il était doté d'une balise radioélectrique de grande stabilité, permettant à des expérimentateurs géodésiens de rattacher entre eux, deux points d'observation relativement éloignés, avec une précision décamétrique. Alors que le lancement du premier satellite expérimental du système Galileo, (navigation et positionnement... à une précision centimétrique), est imminent, cette évocation peut faire sourire ! A cette époque, c'était un progrès considérable (proche d'un facteur 10).
La balise radioélectrique était pilotée par un Oscillateur Ultra Stable à quartz (OUS) . Les signaux émis étaient reçus par des stations terrestres également équipées d'OUS. La mesure de l'effet Doppler lié aux vitesses relatives entre satellite et stations permettait de déterminer les positions de stations éloignées, et notamment le rattachement géodésique Nice-Beyrouth.
Grâce à la qualité du suivi de trajectoire, cette première liaison géodésique ouvrait la voie à beaucoup d'autres et fut à l'origine d'une filière scientifique et technologique encore active aujourd'hui.
D1C
En Février 1967, les deux satellites Diadème 1 et 2 (D1C et D1D) furent lancés par les 3ème et 4ème exemplaires de Diamant «expérimental», toujours depuis Hammaguir.
Équipés des mêmes OUS que pour D1A, ils étaient munis en outre de réflecteurs laser: comme dans un puzzle bien ordonné, le rattachement géodésique du satellite par rapport aux stations, (donc des stations entre elles), a pu se faire grâce à des tirs laser de grande précision. La combinaison de ces techniques, développées en France dès 1965, voir plus haut, a permis une amélioration de la précision de restitution des trajectoires et l'accès aux applications en Sciences de la Terre.
En 1968, une expérience plus ambitieuse fut organisée dans le cadre d'une Recherche Coopérative sur Programmes du CNRS.
Trois stations conjuguant Doppler et laser étaient implantées, à l'Observatoire de Haute Provence, à Stéphanion en Grèce, et à Colomb-Béchar.
Les mesures sur Diadème2 (D1D) utilisées pour le calcul d'orbites et de la position, par rapport au centre de la Terre, des stations permirent une précision métrique. Le premier rattachement géodésique entre l'Europe et l'Afrique fut ainsi obtenu.
Lors de cette campagne, plus de 100 000 mesures de distances par laser avaient été effectuées, sans oublier les expériences de synchronisation des horloges de stations. Cette double expertise, exceptionnelle à l'époque, fut à l'origine de programmes prestigieux tels que TOPEX-Poséïdon et, aujourd'hui, GALILEO. C'est ainsi que des experts français furent invités à des ateliers de réflexion de la Nasa sur l'utilisation des systèmes spatiaux pour la connaissance de la Terre et des Océans (Williamstown - 1969. Passage prémonitoire...).
Même s'il n'a finalement pas vu le jour, le système GEOLE proposé par la France, véritable précurseur des systèmes modernes de navigation, y fut l'objet d'une forte recommandation. La France se vit confier la première expérience mondiale de géodésie utilisant des mesures laser dans le cadre du projet ISAGEX (International Satellite Geodesy Experiment) soutenu par le COSPAR.
Cette News n'est pas seulement la célébration d'un événement du passé, mais montre comment une vision et une volonté politique pérennes peuvent permettre des "développements durables" !
2/2 Changements Climatiques, Conférence de Montréal
Le 16 février 2005, le Protocole de Kyoto entrait en vigueur, sans les États Unis. Ce "premier pas", incomplet et insuffisant, était cependant fondamental : il a, en effet, favorisé la mise en place de plans climats dans différents pays, et surtout, il a permis d'envisager l'après Kyoto.
C'était précisément l'objet de la Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui s'est tenue a Montréal du 28 novembre au 9 décembre.
L'objectif était de trouver une suite à la lutte engagée contre le réchauffement du climat à savoir, poursuivre le protocole de Kyoto après son échéance de 2012, élargir le dialogue conformément aux termes de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique adoptée en 1992.
Après des négociations longues et difficiles, un accord a finalement été conclu samedi. Plus de 150 pays ont accepté de lancer des l'année prochaine, des négociations formelles sur la réduction des gaz à effet de serre après 2012. Mais le gouvernement des États-Unis, non-signataire du Protocole de Kyoto, a refusé d'y prendre part officiellement, acceptant toutefois un dialogue informel et sans calendrier.
Nombre d'associations se réjouissent de ce résultat. Cependant, il peut paraître bien maigre, face a l'enjeu pour notre planète et pour ses 6 milliards de "Géonautes"...
Pour en savoir plus : Site UNFCCC (United Nations Framework Convention on Climate Change)
Mois de novembre 2005
1/2 Climat, effet de serre, par Claude Allègre
Claude Allègre a amplement démontré qu'il aime la science, aussi son "Dictionnaire amoureux de la science", paru dans une collection particulière des éditions PLON/FAYARD est-il bienvenu.
Nous ne pouvions pas ne pas jeter un regard particulièrement intéressé sur les termes relevant de la science du climat. Malheureusement, C. Allègre y reprend complaisamment les arguments de ceux, de moins en moins nombreux, qui doutent encore de la réalité et de l'importance pour l'humanité du changement climatique. Au risque, pour ce faire, d'induire le lecteur en erreur.
Par exemple en faisant croire, (Climat), que les prévisions climatiques ne sont qu'un prolongement de l'échéance des prévisions météorologiques et que les modèles numériques sont des constructions dépourvues de physique et de références aux observations. Ou encore, (Effet de serre), qu'il n'y a pas de différence de nature entre, d'une part la cause astronomique des variations climatiques du quaternaire - et ses conséquences sur l'évolution des teneurs en CO2 de l'atmosphère au cours des 800 000 dernières années - et d'autre part, le forçage radicalement nouveau que constitue l'injection de CO2 dans l'atmosphère par l'utilisation des combustibles fossiles est dû principalement aux activités humaines;
Face à ce scepticisme vis à vis du changement climatique actuel, et sans doute pour ménager l'avenir, Claude Allègre prévient néanmoins que: " Toutes les mesures pour limiter les émissions de gaz carbonique doivent être prises, énergie nucléaire pour l'électricité, voiture électrique, etc. Car si un avenir torride est possible, mais non certain, les catastrophes climatiques semblent programmées ! "
Afin de répondre aux interrogations des internautes, nous publierons prochainement dans notre rubrique FAQ, une série de questions /réponses sur le sujet, expliquant les résultats scientifiques actuels.
2/2 - Le prix du pétrole augmente... l'intérêt pour l'ETM aussi...
Le Président du territoire de la Polynésie française s'est déclaré intéressé par un projet de production d'électricité basé sur le concept de l'Énergie Thermique des Mers (ETM).
La société Américaine OCEES (OCean Engineering & Energy Systems, maintenant Ocean Thermal Energy Corporation), spécialiste des énergie renouvelables et plus particulièrement de l'ETM, propose d'installer en Polynésie, une plate-forme offshore à proximité de Faa'a (aéroport de Papeete). L'énergie serait transportée par câble a Moorea et Tahiti. La plate forme fournirait 100 MW, soit l'équivalent de la consommation des deux îles.
Le coût de production du kWh, hors transport est évalué à 12 FCFP (soit 10 centimes d'euro à comparer au prix de vente EDF en métropole de 7,65 centimes hors taxes). L'investissement est évalué à 50 milliards de FCFP (soit 419 millions d'euros).
Ce n'est pas la première fois que la Polynésie envisage le recours à l'ETM pour réduire sa dépendance au pétrole. Déjà dans les années 1980 l'étude d'une centrale ETM de 5 MW avait été proposée par l'IFREMER.
Source : La dépêche de FENUA de septembre 2005.
Mois d'octobre 2005
1/2 - Changement climatique : Les Académies des Sciences s’engagent.
Le sept juin 2005 les Académies des Sciences de 11 pays (Brésil, Canada, Chine, France, Allemagne, Inde, Italie, Japon, Russie, Royaume Uni, USA) ont signé une déclaration commune sur la réponse globale à apporter au changement climatique.
Elle prend à son compte les résultats du GIEC et tient en quatre points :
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Le Changement du Climat est une réalité que les observations démontrent. Il est dû pour l’essentiel aux activités humaines.
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Il faut réduire les causes du changement climatique. Les Nations doivent prendre sans attendre les mesures propres à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les incertitudes scientifiques sur certains aspects du changement climatique ne peuvent en aucun cas servir de prétexte à leur report.
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Il faut se préparer aux conséquences du changement climatique. Les temps de résidence des gaz à effet de serre et le temps de réponse du système climatique à la perturbation qu’ils représentent font que même si les émissions de gaz étaient instantanément stabilisées à leur niveau actuel le climat continuerait à changer en réponse à l’accroissement des émissions des décennies précédentes. Les changements climatiques sont inévitables et les Nations doivent s’y préparer. Les pays les moins développés sont souvent les plus menacés ; ils sont aussi les moins bien armés face à ce défi. L’adaptation au changement climatique demande donc une stratégie globale et une collaboration à l’échelle du monde.
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Conclusion : Les Académies des Sciences appellent toutes les Nations à une action rapide pour réduire les causes du changement climatique et s’adapter aux changements inéluctables. Elles doivent s’assurer aussi que cet enjeu est effectivement pris en compte dans les stratégies nationales et internationales. Les Académies s’engagent à collaborer avec les gouvernements pour y aider.
Cet appel s’adressait plus particulièrement aux États Membres du G8 qui se sont réunis un mois plus tard les 7-8 juillet à Gleneagles au Royaume Uni et dont l’un des points de l’ordre du jour était le changement climatique. L’irruption dramatique du terrorisme à Londres au cours de cette réunion a un peu occulté les conclusions auxquelles les États participants sont arrivés sur ce thème.
Elles ne sont pas négligeables et montrent que les Académies des Sciences ont été entendues :
Les États participants se sont tous mis d’accord sur :
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un document d’analyse(1),
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un plan d’action(2)
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et une déclaration commune(3)
qui reprennent les points essentiels de la déclaration des Académies :
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reconnaissance de la réalité du changement climatique et de la responsabilité de l’homme,
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nécessité de réduire les émissions pour en limiter l’ampleur,
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préparation internationale concertée pour s’ y adapter.
On ne pouvait pas espérer aller jusqu’à la ratification par les USA du protocole de Kyoto à l’application duquel les pays qui l’ont ratifié ont confirmé leur détermination.
Sommet du G8 de juillet 2005 :
(1)Changement climatique, énergie propre et développement durable.
(2)Plan d’action : Changement climatique, énergie propre et développement durable.
(3)Déclaration de la présidence.
2/2 - Un moyen de réduire le réchauffement de la planète : Capter et stocker le gaz carbonique
Sans oublier que l'énergie la moins polluante est celle que l'on ne consomme pas, que les énergies propres et renouvelables sont déjà en développement dans de nombreux pays, il est clair que ces mesures ne suffiront pas pour mener à bien la politique globale des pays développés, visant à diviser par un facteur 4 les émissions de gaz à effet de serre.
Face à un problème difficile, il faut en général une pluralité d'approches : c'est ainsi que des recherches sont menées en vue de capter le gaz carbonique relâché dans l'atmosphère.
Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a adopté fin septembre un rapport spécial démontrant la possibilité d’utiliser, comme moyen de réduire les émissions humaines de gaz carbonique (le principal responsable du réchauffement climatique), le captage du gaz carbonique à la sortie de grandes installations industrielles ou productrices d’électricité et son stockage dans des sites appropriés.
Deux types de sites sont envisagés : soit des formations géologiques adaptées, telles que des gisements de pétrole ou de gaz déjà exploités ou des aquifères salins, soit le milieu océanique.
Grâce en particulier aux interventions de la délégation française, le sommaire pour décideurs souligne clairement tous les inconvénients de cette dernière éventualité : acidification du milieu marin nocif pour la biosphère, fuites inéluctables à un terme difficile à prévoir, technologies d’injection non développées.
Le Club des Argonautes se réjouit de voir ces raisons de renoncer au stockage océanique mises clairement en évidence.
Le rapport, rédigé par le Groupe III des experts du GIEC intitulé "Mitigation" ("Atténuation"), décrit les technologies actuellement connues ou en devenir, reprend à son compte les descriptions et conclusions parues dans la littérature scientifique et technique mondiale récente. Coûts, limitations, risques et autres questions sont passées en revue en détail. Il a été rédigé par une centaine d'experts et revu largement par spécialistes et gouvernements.
Mois de Septembre 2005
1/2 - Les cyclones dans le golfe du Mexique.
Le29 août dernier, l'ouragan Katrina, d'une force peu commune, a dévasté la Louisiane, et s'est propagé dans le Mississipi, l'Alabama et l'ouest de la Floride.
Si la prévision des ouragans s'est beaucoup affinée grâce aux observations par satellites, aux avions de reconnaissance, et aux modèles, il reste encore du chemin à parcourir (notamment pour établir un couplage entre les modèles des différents compartiments de la biosphère).
Aux États Unis, c'est le NHC de la NOAA qui est chargé des prévisions. Les pronostics pour le reste de la saison montrent une activité cyclonique importante.
Si chaque catastrophe amène beaucoup de malheur, elle permet aussi d'observer les phénomènes réels et de vérifier les modèles, les perfectionner et ainsi faire progresser la connaissance.
Crédit NOAA/AOMM
Anomalie de hauteur de mer le 28 août avec superposition de la trajectoire de Katrina
Le premier rapport d'analyse du laboratoire AOML de la NOAA sur l'ouragan Katrina, sorti le 30 août, montre des images impressionnantes vues à travers les mesures d'altimétrie par satellite.
Ces observations illustrent en effet la façon dont le cyclone s'est renforcé en survolant une lentille d'eau chaude d'environ 300 km, au milieu du golfe du Mexique, ce qui explique sa puissance et comment après son passage une partie du contenu thermique de cette lentille a été absorbée, ce qui quantifie l'énergie collectée par ce cyclone (comparable à celle que fourniraient plusieurs centaines de centrales électriques de 2 GW fonctionnant pendant 10 jours).
Le site Aviso Altimétrie a d'ailleurs publié une version simplifiée, en Français, de cette première analyse NOAA/AOML.
De façon prémonitoire, Mercator Ocean avait consacré le bulletin océanique de l'été à l'analyse du comportement dans le Golfe du Mexique de son modèle haute résolution, et avait souligné le rôle des poches d'eau chaude larguées par le "Loop Current" dans la propagation et le renforcement des cyclones tropicaux, et Aviso en mai 2003, avait consacré sa News Letter à "Comment utiliser l'altimétrie pour identifier les régions d'intensification des cyclones".
Enfin, une question se pose toujours après chaque catastrophe naturelle, il y a-t-il une une aggravation de cet événement liée au réchauffement de la planète? Le débat est ouvert. Voir le site Real Climate.
2/2 - Le satellite TOPEX-Poséïdon est entré dans sa quatorzième année de bons et loyaux services....
Origine NASA
Saluons la NASA qui à l'occasion du 13 ème anniversaire de TOPEX-Poséïdon (lancement : 10 août 1992), a su rendre un hommage mérité à la collaboration Franco-Américaine et aux équipes projet, qui en dépit de nombreuses difficultés ont mis à la disposition de la communauté scientifique internationale un formidable outil d'observation de l'océan, et donc du climat, et d'étude de la géodésie...
Voir le site de la NASA et la video à ne pas manquer, sur le fonctionnement de TOPEX-Poséïdon et de son successeur Jason-1 (patience, la video est un peu longue à charger).
La NASA insiste sur le fonctionnement en tandem des deux satellites qui "offrent aux chercheurs des opportunités sans précédent pour observer des phénomènes de petite échelle, comme les marées côtières, les tourbillons et leur effet sur la circulation générale océanique , et la meilleure compréhension des ondes planétaires (basse fréquence), qui transportent des signaux liés au changement climatique"
Si bien que la NASA a finalement décidé de prolonger la mission de TOPEX-Poséïdon, respectant ainsi l'engagement pris en octobre 1997, (lors d'une réunion CNES NASA), de ne "jamais réformer un satellite qui transmet encore des données utiles".
Ceci a été rendu possible grâce au soutien de la communauté scientifique internationale et aussi grâce aux efforts des équipes de projet pour réduire les coûts d'exploitation de la mission.
Mois de juillet/août 2005
1/3 Numéro Spécial de la revue Nautilus : Jules Verne et la mer
Un numéro passionnant à lire en famille pendant les vacances :
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L'homme qui aimait la mer
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Un capitaine presque parfait
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Histoire d'une conquête
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De si gentils monstres
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Les fous du fond
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Des villes en pleine mer
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Les héritiers du capitaine Hatteras
2/3 Charles David Keeling, un pionnier dans le domaine des gaz à effet de serre
Charles David Keeling nous a quittés ce 20 juin.
Il fut le premier à quantifier l'accroissement lié à l'activité humaine, du gaz carbonique dans l'atmosphère.
Il a en effet installé le premier observatoire de mesures continues du CO2.
C'était dans le cadre de l'Année Géophysique Internationale (1957-58), un véritable événement fondateur dans l'étude et l'observation systématiques de la planète Terre.
Ces séries de mesures, très précises et ininterrompues depuis 1957, ont constitué le jeu de données le plus important pour les travaux scientifiques sur le changement climatique.
Lorsque Charles Keeling a commencé ces mesures, la concentration de CO2 était de 310 ppmv (parties par million en volume, soit 310 cm3 par m3), en 2005, lors de sa disparition, on peut l'estimer à 380 ppmv. Ces deux chiffres permettent de tirer les leçons suivantes :
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La valeur que peut prendre une série continue de mesures de haute précision, ainsi par exemple les mesures bio-géochimiques dans l'Atlantique Nord deviendront-elles un jour un élément de négociation sur le Changement Climatique ? (dans la mesure où elles peuvent témoigner des émissions du continent nord américain).
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Par rapport à la période préindustrielle (1850), la concentration a déjà augmenté de 110 ppmv et en dépit de la signature du protocole de Kyoto, tout indique que l'objectif dit de "2 CO2" (soit 550 ppmv) sera très difficile à tenir.
Charles Keeling a fait sa carrière au sein de la prestigieuse Scripps Institution of Oceanography de l'Université de Californie.
3/3 ITER, et la recherche sur l'énergie.
Martelée par les médias, l’annonce nous est faite que le projet ITER sera réalisé en France.
Il s’agit de franchir une nouvelle étape dans la recherche et le développement d’une filière énergétique qui a pour but d'assurer à l'humanité une source d’énergie non polluante et illimitée. L'ambition est de "copier" le phénomène naturel de fusion nucléaire qui se produit dans le soleil et nous permet d'être là pour en parler!
Il s’agit bien sûr d’une excellente nouvelle qui confirme la compétence de nos physiciens et ingénieurs et la constance du soutien de nos «décideurs» à l'industrie nucléaire depuis un demi-siècle.
La «fusion nucléaire» est-elle maîtrisable, économique, socialement acceptable et "environnementalement responsable" ? Ces questions sont encore sans réponses;
ITER est un projet à long terme : ces promoteurs estiment qu’après sa réalisation prévue sur 10 ans, il faudra encore plusieurs décennies pour industrialiser la filière, et cela laisse le temps de trouver des réponses.
Enfin, s’agissant d’un programme dont l’enjeu intéresse le devenir de tous il faut se réjouir qu’il soit conçu, financé et réalisé en coopération internationale, avec l’Europe comme contributeur principal.
Le seul regret pour les Argonautes est de ne pas voir la même volonté politique s'appliquer au développement, en coopération internationale, d’autres sources d’énergie alternatives qui elles non plus ne peuvent être mises en oeuvre par la seule initiative privée, par exemple, l’Énergie Thermique des Mers
A plus long terme, vu l'importance des postes transport et chauffage dans le bilan énergétique des pays développés, la production en pleine mer de méthane, ou même d'hydrogène, serait une piste à explorer.
Si la recherche de longue haleine est indispensable, Il serait regrettable que le projet ITER ait pour effet de retarder des études plus modestes, susceptibles d'apporter des solutions plus immédiates.
Mois de Juin 2005
1/2 - Un nouveau magazine : Nautilus, des océans et des hommes...
Un magazine entièrement consacré à la mer, qui s’intéresse à tous les aspects de la vie des océans, mais aussi de la vie sur et autour des océans.
100 pages pour mieux connaître et aimer les océans.
Le premier numéro est disponible dans tous les kiosques à journaux depuis le 17 mai.
Abonnement: 4 numéros et un hors-série par an, soit 5 occasions de mieux
découvrir les océans pour 23 euros /an.
Christophe Agnus, fondateur et directeur de Nautilus, pense à ce magazine depuis 15 ans. C'était un rêve qui est devenu réalité.
En 1990, la guerre du Golfe oblige à repousser un projet bien avancé avec un grand groupe de presse.
En 1998, Christophe Agnus quitte L’Express, après dix ans de reportages, de Papouasie-Nouvelle Guinée au Rwanda, de la Silicon Valley à Sarajevo, de la mer d’Aral à Koweit City ou au Bangladesh. Il fonde Transfert magazine et Transfert.net, Clic d’Or 2000, Grand Prix des Médias(meilleur site Web de la presse) 2001, Grand Prix Narrowcast 2000. Transfert est vendu en octobre 2001 à L’Île des Médias, et le journaliste quitte Paris pour s’installer en Bretagne avec sa famille.
En 2003, il publie « Skippers de l’impossible » (Altipresse) et collabore à Géo, Ça m’intéresse et Le Point. En 2004, il publie « Le Roman du Vendée Globe » (Grasset) et collabore à Géo, Ça m’intéresse et Les Echos, avant de se lancer dans le projet Nautilus.
Nautilus est le premier membre français de « 1% for the Planet », fondation (créée par Patagonia) réunissant des entreprises dépensant au moins 1% de leur chiffre d’affaires pour la protection de l’environnement.
Engagement logique : Nautilus veut faire mieux connaître et aimer les océans, parce qu’on ne protège bien que ce qu’on aime.
Tous les jours, le blog de Nautilus donne des informations sur les océans et la vie Nautilus.
Sommaire du premier numéro :
Portrait : David Doubilet, fabuleux photographe sous-marin.
Dossier : Les pinnipèdes, surdoués des mers.
Reportage : La pêche des grands fonds.
Enquête : Les énergies renouvelables de la mer.
Reportage : Le requin blanc de l’aquarium de Monterey.
Le prochain numéro Hors série spécial sera consacré à Jules Vernes et la mer.
2/2 - "Des yeux dans le ciel" ou: Vingt millions de lieues au dessus des mers !
Quinze ans d'altimétrie radar par satellite. Venise Mars 2006.
Quinze ans après le lancement des satellites d'observation géophysique ERS-1 et Topex/Poseidon, l'Agence Spatiale Européenne (ESA), et le Centre National d'Études Spatiales (CNES), organisent un Symposium sur ce thème. Cet évènement exceptionnel sera aussi soutenu par la NASA et d'autres partenaires impliqués dans la mise en place d'un service permanent d'observation de l'océan par altimétrie spatiale.
Deux autres réunions se tiendront simultanément: la rencontre annuelle du "Science Working Team" Jason-1, (rebaptisé "Ocean Surface Topography Science Team") et la Workshop du Service International Doris (International Doris Service - IDS). Rappelons que Doris est un instrument d'orbitographie de haute précision, embarqué sur les satellites TOPEX-Poséïdon, Jason1, Envisat, Cryosat, (et sur la série SPOT 2 à SPOT5). Il permet de localiser en temps réel, à quelques centimètres près, le satellite sur son orbite.
L'IDS est un organisme qui assure la promotion des activités de géodésie et de géophysique rendues possibles par le système DORIS, par ses 15 ans de mesures, et par la cohérence qu'il apporte au système géodésique de référence, fondement de cette "auscultation de haute précision". Nos amis Michel Lefebvre et François Barlier ont joué un rôle éminent dans la conception et la mise en place, par le CNES et l'IGN, de ce système, héritier d'une tradition "Liaison Montante", entamée avec Éole et qui s'est poursuivie avec Argos.
Ces trois évènements auront lieu du 13 au 18 mars 2006 à Venise.
26 ans après le premier Colloque d'Océanographie Spatiale, (Venise 1980), on passera en revue les espoirs et les promesses de l'altimétrie spatiale, qui ont tous été tenus ou dépassés:
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Le pari de réduire l'erreur de mesure de 15 à 1 cm, condition nécessaire
pour accéder à des signaux océaniques au spectre très vaste, et contribuer ainsi à un grand nombre de questions: de la prévision "Meso-echelle sur quelques jours", (qui intéresse la Pêche Hauturière, le Transport maritime, et les activités Off Shore), jusqu'à la détection du Changement Climatique, en passant par la Prévision Saisonnière dans la bande inter- tropicale.
-
Le pari d'avoir en permanence au moins 2 altimètres en vol, dont au moins
un de haute précision. Les rédacteurs visionnaires du "Purple Book", (CNES
NASA 1991), ont ouvert la voie de l'expérience GODAE, une démonstration
convaincante de nos nouvelles capacités de prédiction, menée à bien grâce,
notamment à cette richesse d'observations.
Aujourd'hui, l'altimétrie spatiale intéresse un éventail de disciplines.
Au départ, il s'agissait d'océanographie, de mieux connaître l'état futur des masses océaniques et leur rôle sur le climat. Au fil des années, on a vu se dessiner une mosaïque de besoins complémentaires tels que:
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cartographie du plancher océanique, notamment les dorsales et les volcans sous marins,
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amélioration de la connaissance du champ de gravité (écarts à la symétrie sphérique),
-
contribution à la théorie des plaques tectoniques, (avancées permises par les 2 cartographies précédentes)
-
surveillance des calottes polaires ainsi que du niveau des lacs et des
rivières, (qui peut apporter une contribution décisive à la "fermeture" du
bilan hydrologique, à l'échelle globale ou à celle d'un bassin versant), -
et, tout récemment, (de façon totalement imprévue bien sûr), observations du Tsunami du 26 décembre, qui permettront d'améliorer les modèles de propagation.
Ayant participé aux efforts qui, depuis plusieurs décennies, ont permis une connaissance quantitative et durable de la circulation océanique, les membres du Club des Argonautes se réjouissent de cette initiative hautement symbolique:
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Elle couronne des années d'efforts, pour que la "coopétition" entre Agences Spatiales, comporte plus de "coopération" que de "compétition", avec un bénéfice immédiat pour la mise en place, si critique, d'un Service Public d'observation permanente de la Biosphère, qui prolongera ce qui existe déjà en Meteo...
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Elle attire l'attention sur une activité, qui est souvent considérée comme acquise, comme "allant de soi", alors même qu'en dépit de succès retentissants, elle conserve une extrême fragilité: nous avons la chance d'avoir encore 4 altimètres en fonctionnement... Ceci ne sera sans doute plus vrai en mars 2006, car la mission TOPEX- Poséïdon devrait être interrompue d'ici là, (après 13 ans de "bons et loyaux services"). La même crainte existe pour GFO (Geosat Follow On) de l'US Navy, qui a largement dépassé sa durée de vie. Bien plus grave: ceux qui ont travaillé dans le spatial savent une règle universelle, (quels que soient les progrès dans la conception et la réalisation des satellites): "Tout ce qui n'est pas décidé aujourd'hui ne volera pas dans 5 ans" ! Ceci veut dire en clair que sauf "recouvrement", (de moins en moins probable), entre Jason-1 et Jason-2 (car le temps perdu ces 2 dernières années ne peut plus être rattrapé...), on risque une "interruption de service" en 2008 (lorsque Jason-1 et Envisat seront en fin de vie).
La flottille actuelle a été mise en place dans le cadre d'un effort de recherche. Des conférences internationales, se penchent sur la mise en place d'un "Global Earth Observations System of Systems" (GEOSS). Elle permettront peut être de conjurer ce risque par une initiative commune des agences concernées (Europe, USA, Inde, Chine, Japon, Australie) pour rendre permanente cette flottille qui est une composante essentielle de ce GEOSS.
Le Symposium de mars 2006 a Venise ne peut que contribuer a cette transition, toujours délicate, de la "Recherche aux applications".
Mois de Mai 2005
1/2 La semaine prochaine, a lieu, en Écosse, la conférence annuelle sur les énergies renouvelables :
Il y a bien sûr une session sur l'ETM (Énergie Thermique des Mers).
Voici le résumé de la présentation d’ouverture de cette session faite par Don Lennard, Directeur, Ocean Thermal Energy Conversion System Ltd, Orpington, UK.
Dans sa présentation l’auteur décrit le principe de l’ETM et donne un rapide historique de sa conception et de son développement. Il rappelle qu’une usine ETM peut fournir à la fois de l’électricité et des sous-produits qui élargissent son champ d’utilisation et améliorent sa rentabilité. La ressource thermique est stable et permet une production d’électricité ETM «en base», à la différence de la plupart des autres ressources renouvelables.
Ces avantages font que l’ETM malgré son coût d’investissement élevé comparé à celui des filières énergétiques traditionnelles pourrait devenir plus attrayante que celles brûlant des combustibles fossiles. Ceci serait d’autant plus vrai que la taxation des émissions de carbone jouerait en faveur de l’ETM qui est par principe non polluante.
La demande mondiale d’énergie doit croître de façon importante dans les années à venir et la part des énergies dites « nouvelles » nécessaire pour y répondre devrait passer de presque zéro aujourd’hui à 6% en 2020. Une contribution modeste de l’ETM à cette croissance ouvrirait un vaste marché à l’industrie pour la construction de centrales de première génération répondant aux besoins en énergie électrique de communautés insulaires.
Le but de cette présentation est de montrer que l’exploitation de l’énergie thermique des mers peut être une réponse réaliste, économique, socialement bénéfique et respectueuse de l’environnement à la demande mondiale en énergie et que son développement justifierait la mise en œuvre d’un programme de R&D approprié.
2/2 L’Énergie Thermique des Mers - UN OUTIL DE BATAILLE DIPLOMATIQUE ?
Okinotori est le nom de deux minuscules îlots coralliens de quelques mètres carrés qui émergent au milieu de nulle part dans l’océan à 1500 km au sud du Japon. Ils sont l’objet d’une vigoureuse bataille diplomatique entre les gouvernements japonais et chinois. Celui-ci contestant à celui-là la souveraineté japonaise sur ces îlots inhabités.
Depuis plusieurs mois les chinois ont multiplié les opérations maritimes dans la zone suscitant la colère des japonais pour ce qu’ils considèrent comme une violation de leur Zone Économique Exclusive.
Pour conforter leur position les japonais ont entrepris de montrer qu’ils étaient, eux aussi, actifs dans la zone. A cette fin ils y ont installé des équipements météo et déployé une flottille de pêche.
On apprend aussi qu’ils envisageaient d’y développer la production d’énergie marine par le procédé dit "L'Énergie Thermique des Mers". Le Club des Argonautes s’efforcera de suivre l’évolution de cette affaire en espérant qu’elle se concrétise par une réalisation marquante pour la promotion de l’ETM, tout en regrettant qu’elle puisse résulter d’une confrontation politique plutôt que d’une action pacifique en co-opération internationale pour le développement d’une filière énergétique renouvelable.
Mois d'Avril 2005
1/2 Énergie renouvelable : la piste des vagues / Ocean power fights current thinking Source : bulletin de l'Ambassade de France aux États-Unis
Un travail conduit par l'Electric Power Research Institute (EPRI) avec la collaboration, entre autres, du National Renewable Energy Laboratory (NREL) du Department of Energy (DOE), suggère que la production d'électricité à partir des vagues et des courants marins aux États-Unis pourrait être économiquement rentable dans un futur proche, de l'ordre de quatre ans, à condition que les investissements suivent.
Le principe consiste à utiliser les mouvements des vagues pour mettre sous pression un fluide permettant ensuite de produire de l'électricité qui est acheminée par le biais d'un câble sous-marin.
Selon l'organisme, le potentiel des côtes américaines serait de 2100 Terawatt-heure par an, soit presque autant que l'électricité produite à partir du charbon ou dix fois l'énergie totale générée par les centrales hydroélectriques du pays.
L'évaluation repose en fait sur une équation
J = 0,42*(Hs)exp2*Tp
(dans laquelle J est l'énergie disponible (NOTA), Hs est la hauteur significative des vagues dans le lieu étudié et Tp leur période pendant les moments de pic de hauteur),
appliquée à des sites pour lesquels les paramètres ont été mesurés.
L'EPRI a obtenu ses estimations de capacité disponibles en tenant compte d'hypothèses de rendement des dispositifs de captation.
A l'heure actuelle aux États-Unis, deux entreprises ont développé des prototypes de convertisseur d'énergie : Ocean Power Technologies (New Jersey), qui déploie à Hawaï son système PowerBuoy d'un mégawatt pour l'U.S. Navy (mise en service prévue en 2006), et le groupe AquaEnergy, dans l'attente de permis fédéraux pour un test de son AquaBuoy au large de l'Etat de Washington.
Toutefois, certains s'inquiètent du manque de volonté apparent de l'Administration Bush pour développer cette solution technologique et craignent que les États-Unis ne prennent du retard. Et de fait, le premier essai de raccordement à un réseau électrique a été effectué en août 2004 de l'autre côté de l'Atlantique, à Orkney, en Ecosse, à l'aide du convertisseur Pelamis de la société Ocean Power Delivery (sur lequel l'EPRI s'est d'ailleurs fondé pour son étude). Wall Street Journal du 08/04/05 (Ocean power fights current thinking)
NOTA du Club : On exprime généralement cette puissance en kWatt par mètre de largeur de crête: J( kW/m) = 0,96* H exp2*T; avec H hauteur de vague crêtes à creux . (doc IFREMER;" Production d'énergie à partir de la houle; Damy & Gauthier; CNEXO/COB 1981).
2/2 Vaincre le changement climatique planétaire... un défi lancé par la Commission Européenne...
On trouve dans la récente communication "Vaincre le changement climatique planétaire" adressée par la Commission des Communautés Européennes au Parlement Européen (document COM 2005 35 final daté du 09.02.2005) les grandes lignes de la stratégie proposée par la Commission en matière de lutte contre le réchauffement climatique pour 2012 et jusqu'en 2050. C’est une impressionnante liste de bonnes idées, de «défis» selon le terme employé par la Commission, assortie de recommandations, dont beaucoup apparaîtront familières aux lecteurs du site "Club des Argonautes",
On regrette toutefois que la Commission dans sa liste des 15 technologies susceptibles de contribuer à gagner ces défis à l’horizon 2050, n’ait pas proposé de plan plus ambitieux pour le développement d’autres formes d’énergies renouvelables que l’Éolien, le Photo voltaïque et la Biomasse.
Mois de Mars 2005
1/3 Portrait du Gulf Stream - Éloge des courants. Un livre d’Erik Orsenna de l’Académie française. Notre rencontre "magique" avec l’auteur
C’est ce vendredi 18 mars 2005 que les Éditions du Seuil ont publié cet ouvrage.
Les "Argonautes" amoureux de la mer se réjouissent de la parution de ce livre qui invite le lecteur à une connaissance amicale et complice des océans.
Comme l’indique la Fonctionnement du Club consacrée de ce site, nous sommes des scientifiques retraités et notre rencontre avec l’écrivain s’est faite par hasard et hors des cadres institutionnels. Une rencontre sur un point de littérature et non de science océanographique!
Rencontre par un hasard avec une probabilité infime!
Un immense hasard donc, mais pas miraculeux car nous ne croyons pas aux miracles.
Par un «hasard favorisé» et plus probable que d’autres parce que c’était une rencontre entre lui et nous. Lui un amoureux, un «fou curieux» des choses de la mer, nous de jeunes retraités raisonnables et raisonneurs, soucieux de l’avenir des hommes.
Disons qu'àl'occasion de cette rencontre, le hasard a «bien fait les choses». Le livre avec ses questions sur le Gulf Stream (*) pose le, les, problèmes du devenir de notre planète Terre, une planète rare et d’autant plus précieuse qu’elle abrite sur sa surface cette mince pellicule de sol, d’air et d’eau.
Cette infime niche écologique;
Ce minuscule réduit galactique, où la vie est possible;
La biosphère, cet unique et irremplaçable habitat qu’il nous appartient de gérer.
Merci à l’auteur de nous avoir questionné. Ses questions ont rencontré les nôtres. L’aider à y répondre a conforté notre réflexion.
(*) Animation de la hauteur de mer au niveau du Gulf Stream. Cette animation a été réalisée avec le modèle haute résolution Mercator (PAM: Prototype Atlantique Méditerranée), sans assimilation de données, sur l'année 1999.
2/3 Écrivain et sportif!
Ce vendredi 4 mars , nous avons pu voir Erik Orsenna , successivement, à la barre de son Dragon, puis invité de Thalassa.
Entre deux confidences sur ses grandes passions, l'écriture et la mer (ah! le vertige de l'embarquement sur la feuille blanche), nous avons appris avec plaisir la sortie imminente de son prochain livre : "Portrait du Gulf Stream, Éloge des courants".
Le Club des Argonautes a eu le privilège d'être sollicité par l'auteur à l'occasion de cet ouvrage qui, prenant le Gulf Stream comme prétexte, offre une promenade en mer parmi quelques merveilles peu connues des mouvements océaniques.
Il vous recommande d'embarquer avec lui, à votre tour. En route pour la mer, vous ne serez pas déçus!!
3/3 Appel aux "Géonautes" de bonne volonté...
Notre Terre n'est pas en danger, (elle a survécu à plusieurs changements climatiques): c'est l'habitat de l'espèce humaine et ses conditions de vie qui sont en cause. Pour les préserver, nous devons apprendre à piloter ce vaisseau spatial qu'est la Terre, notre demeure. De simples passagers-consommateurs, devenons "Géonautes" avertis et actifs.
Pour piloter il faut connaître et comprendre. Soyons intelligents: le savoir est l'avenir de l'homme. Pour comprendre la Terre il faut l'observer: mettons en place les systèmes permanents d'observations et de mesures, seules sources de notre savoir. Les moyens spatiaux le permettent. Ils existent déjà pour observer l'atmosphère, au service de la météorologie, étendons les à tous les compartiments de la Biosphère !
Piloter, c'est évaluer les risques et éviter les écueils. Soyons prévoyants. Nous savons comment limiter nos émissions de gaz à effet de serre sans réduire drastiquement notre niveau de vie: Faisons le sans délai, avec ou... sans Protocole (suivez notreregard ... Outre Atlantique !)
Piloter c'est avoir confiance en l'avenir: la Terre, en dépit de ses limites, est riche. Soyons inventifs. Le soleil l'inonde en permanence d'une énergie rayonnante, (la surface océanique -800 fois la France- reçoit en permanence mille fois plus que la demande mondiale en énergie primaire !) : sachons l'utiliser dans le vent et les mouvements de l'océan; retrouvons la dans l'énergie thermique des mers, sans doute une clé pour la transition salvatrice dans le secteur Transports, du "Tout Fossile" au "Tout Hydrogène Renouvelable" !
Pour gouverner efficacement un vaisseau, il faut un équipage à l'unisson où chaque équipier est à son poste de manœuvre. Soyons entreprenants et agissons tous, de l'individu dans son quotidien aux instances internationales, en ayant conscience de ce qui fait notre humaine et commune identité.
Naviguer c'est louvoyer, contourner, s'adapter à des forces que l'on ne peut contraindre. N'oublions pas que le futur ne sera jamais complètement prévisible et faisons notre cette invitation de Saint-Exupéry à la vigilance : " L'avenir n'est jamais que du présent à mettre en ordre, tu n'as pas à le prévoir mais à le permettre "
Mois de février 2005
1/2 Réduction des émissions de gaz à effet de serre....
Beaucoup de commentaires dans les médias à l'occasion de l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto ce 16 février 2005. Trente pays dit "industrialisés" devront, entre 2008 et 2012, réduire de 5,2%, (en moyenne), leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs émissions de 1990.
Beaucoup de controverses, aussi, sur l'efficacité de cet effort, sans doute une goutte d'eau dans l'océan de ce qu'il faudra faire pour ne pas laisser que... des dettes à nos descendants ! Mais cette goutte est aussi un symbole: on peut désormais parler de "Post Kyoto" et de "Plans Climats" mieux informés, (donc plus volontaristes...), que ceux que nous connaissons !
Le réchauffement global est une certitude. Les séries climatiques sont éloquentes: la température moyenne de "la 3ieme Planète", (c'est la nôtre: il n'y en a pas de rechange !), augmente d'un centième de degré / an environ. De même, la montée du niveau moyen des mers est de 2 mm / an.
Ces chiffres sont des MOYENNES sur la Terre entière. Dans certaines régions du Pacifique ou de l'Indien, la montée des eaux peut être DIX FOIS PLUS RAPIDE, soit près de DEUX MÈTRES par siècle ! (Voir notre dossier "Dossier Climat"). Une information ignorée ! - tant pis pour des centaines de milliers de gens - lors de l'émission Thema du 10 Juin 2003.
Sur cette grave lacune, voir :
http://www.manicore.com/...html
Ces deux mesures, température et niveau de la mer, sont fondamentales pour chacune des étapes de la démarche scientifique: "Observer" bien entendu, mais aussi "Comprendre et Prévoir", (c.a.d. Valider les modèles de Climat qui tournent sur calculateur.)
La seconde, (niveau des mers), est une mesure "intégratrice", faite depuis bientôt 13 ans par 2 satellites de haute précision: TOPEX-Poséidon, puis Jason-1. Cela signifie que l'on dispose désormais d'un indicateur PEU BRUITE. C'est a dire, susceptible de "voir plus tôt" une inflexion de tendance liée a un début de fonte des calottes polaires ou, au contraire, l'effet heureux de nos vertueux efforts "Post Kyoto" ! (Il faudra un peu de temps...)
C'est l'immense intérêt de poursuivre cette série chronologique, homogène et bien etalonnée... c'est aussi une cause de stupéfaction, en apprenant l'interruption, (on l'espère, provisoire...), des travaux sur Jason-2, (un programme qui, depuis près de 3 ans, a glissé de "6 mois tous les 6 mois"...). Sur cette question, traitée comme mineure par ceux qui ont le pouvoir d'y remédier, un membre du Club a pu parler de "Silence des Agneaux"!
En effet des rapports, fort respectables au demeurant, recommandent la mise en place des systèmes globaux d'observation que nous appelons de nos vœux (GEOSS au niveau mondial, et GMES au niveau européen). A la Bonne Heure ! Mais cette volonté salutaire ne devrait-elle pas trouver son premier point d'application dans la réduction du risque de "gap" entre Jason-1 et Jason-2 ?
Ceci n'est qu'une condition nécessaire: il faut ensuite des équipes pérennes, pour garder l'intimité requise avec la physique de la mesure, (et le cortège de corrections sans lesquelles, les observations ne servent pas à grand chose), il faut des Centres pour traiter les mesures en 24/24, des réseaux de Télécoms, des démarches d'éducation et d'information, de la Coopération Internationale, bref tout ce qui va (peut être) se faire désormais pour l'Océan Indien ! (à l'image de ce qui existait déjà pour les tsunamis dans le Pacifique).
Ces travaux illustrent bien l'importance d'un suivi multidisciplinaire de la planète Terre. Ce suivi doit s'appuyer sur des systèmes d'observation à long terme et des équipes opérationnelles de chercheurs et d'ingénieurs chargés de l'analyse et de la modélisation. C'est la "Géoscopie " que Michel Lefebvre préconise.
Les climatologues qui, comme Edouard Bard, travaillent avec des instruments de mesures de Bilan Radiatif (ERB, ScaraB, GERB...), savent, hélas, que "le monde n'est pas le même" selon qu'il y a eu ou non un recouvrement entre 2 instruments successifs ! En dépit de la perte irréparable que constitue l'absence d'inter-étalonnage, il n'existe aucun entité qui se sente responsable de faire ce qu'il faut pour l'éviter ! En reprenant une formule de notre ami Claude Pastre: "Disposer d'un système d'observation du Climat, c'est assurément l'affaire de tous, Est-ce une bonne raison pour que cela ne soit de la responsabilité de personne ?"
2/2 Un membre du Club des Argonautes à l'honneur......
Pourquoi oppose-t-on si souvent "recherche fondamentale" et "recherche appliquée"? Ces deux activités ne peuvent vivre l'une sans l'autre, pas de recherche appliquée sans recherche fondamentale et pas de vérification de nouveaux concepts issus de la recherche fondamentale sans recherche appliquée!
L'hommage que l'ANAE (Académie Nationale de l'Air et de l'Espace) rendait à Michel Lefebvre lors de son passage volontaire à l'Honorariat, mercredi 2 février a permis une double illustration :
- La démarche Observer, Comprendre, Prévoir est bien la colonne vertébrale du progrès de la connaissance, notamment en Sciences de la Terre.
- Des allers et retours fréquents entre la théorie (comprendre) et la pratique (observer et prévoir) sont des facteurs clés du succès, c'est à dire dans le cas qui nous concerne la transition vers une activité opérationnelle, que Michel appelle joliment "Géoscopie". Il va même jusqu'à dire que la "Géoscopie" est une clé de l'avenir des "Géonautes".
Autre mérite de la présentation de Michel : rappeler l'intérêt d'un dialogue permanent entre chercheurs et ingénieurs, une condition nécessaire à la bonne articulation entre recherche fondamentale et recherche appliquée. L'immense succès du programme Topex Poséidon et de son successeur Jason1, est d'avoir favorisé un tel dialogue à l'échelle de la planète, au sein du "Science Working Team" (SWT).
Le parcours non conventionnel de Michel Lefebvre, Capitaine au Long Cours, Astronome, puis Responsable Scientifique au CNES méritait bien cet hommage. Gérard Brachet, ancien Directeur Général du CNES et que... Michel a embauché au CNES en 1971, a su le faire avec son talent habituel.
FR3 Région Toulouse n'a pas voulu être en reste et a consacré un "six minutes" dans son émission régionale de lundi soir.
Onze ans en orbite pour TOPEX POSEIDON
La Connaissance de la planète Terre et de sa dynamique.
Williamstown - 1969. Passage prémonitoire...
Mois de janvier 2005
1/2 Du nouveau dans les mesures in-situ...
Les océanographes du Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) ont récemment franchi une étape importante dans le domaine des mesures océanographiques in-situ.
Ils ont installés un réseau de collecte de données, appelé "Station W", situé sur le bord ouest du Gulf Stream.
Lorsque cette station ancrée, sera complètement opérationnelle, elle permettra de mesurer en continu sur une profondeur de 3000 mètres, l'intensité du Gulf Stream nord, ses variations de température et de salinité, et les caractéristiques en profondeur du courant sous le Gulf Stream.
Par rapport aux équipements existants, ce système a l'avantage d'apporter une meilleure description le long de la verticale.
2/2 Le Tsunami
L'année 2004 s'est terminé par un séisme dans l'océan indien, d'une ampleur exceptionnelle ( voir les explications du site Encyclopédie Wikipedia ), avec beaucoup de victimes et des conséquences catastrophiques pour les régions touchées.
Aurait-on pu éviter ou minimiser les pertes humaines? Presque toute la presse traite de la question d'un système de surveillance et d'alerte. Les avis sont très partagés.
Un Claude Allègre moins bien inspiré que dans la préface du livre La terre vue de l'espace, est fataliste et n'envisage pas de solution (l'Express du 3 janvier 2005) :
"Faut-il tout prévoir, même là où il ne se passe, en général, rien? Le monde doit s'habituer à ce que les catastrophes naturelles fassent de plus en plus de victimes, tout simplement parce que les zones à risques seront de plus en plus peuplées!"
Pourtant un système d'alerte performant est en place depuis près de soixante ans dans l'océan Pacifique. Il n'en existe pas pour les autres océans. La COI (Intergovernmental Oceanographic Commission) au sein de l'Unesco, avait déjà, à plusieurs reprises, recommandé un système d'Alerte Tsunamis pour l'Océan Indien, sans succès hélas, tant pour des raisons politiques que financières.
Le bien fondé d'un système d'alerte est reconnu, mais certains spécialistes font preuve d'un pessimisme surprenant (le Figaro du 7 janvier 2005). Ils affirment que cela prendra beaucoup temps, sera très coûteux et techniquement difficile.
Pourtant, "selon un expert australien chargé par son gouvernement de plancher sur un système d’alerte pour l’Océan Indien, l’installation coûterait environ 15 à 20 millions de dollars. Phil McFadden, interrogé par Associated Press, estime que 30 sismographes seraient nécessaires, ainsi qu’une dizaine de marégraphes et six bouées de détection (DART, Deep-ocean Assessment and Reporting of Tsunamis ). Cependant, ce système ne sert à rien si l’île ou le village menacé par le tsunami n’a pas le téléphone, avertit McFadden. " (Science et Avenir, 4 janvier 2005).
Que représente cette somme modeste par rapport aux quelques milliards de dollars qui sont mobilisés pour venir en aide aux sinistrés?
Paul Tapponnier, directeur du Laboratoire de Tectonique à l'Institut de Physique du Globe de Paris n'a pas l'ombre d'une hésitation: "Il ( le système d'alerte) doit être mis sur pied d'urgence. Vu l'élan de solidarité mondial sans précédent des derniers jours, gageons que les moyens seront rapidement réunis".(Le Monde du 4 janvier 2005).
Système d'alerte efficace, infrastructures associées, éducations des populations, moyens de communication, règles d'urbanisme prenant en compte les risques, c'est toute une organisation intégrée qui doit être mise en place, tirant profit d'une approche en réseau.
Mais observer et comprendre ce qui se passe sur notre planète est tout aussi nécessaire, comme le formule Paul Taponnier :
"Tout système d'alerte doit être constamment nourri et amélioré par la recherche fondamentale. Il faut chercher à mieux connaître et mieux comprendre le fonctionnement des failles terrestres. Il est vital de continuer à développer l'observation de notre planète à la frontière des techniques existantes. Il n'est guère de domaine où l'investissement dans la recherche fondamentale doive être plus grand et plus soutenu sur le long terme."
On peut ajouter que réciproquement les séries de données d'observations opérationnelles alimentent la recherche et la font progresser. Il y a en quelque sorte deux activités qui se confortent l'une l'autre (comme cela se produit en météorologie depuis plusieurs décennies).
A cet égard nous disposons de toute une gamme de satellites qui nous permettent d'observer très finement notre planète..... Observer >>> comprendre>>>> prévoir.
Il suffit de feuilleter le livre d'Anny Cazenave et Didier Massonet "La Terre vue de l'espace" pour se rendre compte de la richesse des informations que peuvent apporter les mesures depuis l'espace : la topographie des fonds marins, la forme de la terre, la cartographie des déformations du sol dues au tremblement de terre, les mouvements verticaux de la croûte terrestre etc....
Les derniers événements nous apportent malheureusement une illustration dont on se serait bien passé. Il se trouve que, deux heures après le séisme de Sumatra, les satellites d’altimétrie radar TOPEX/Poseidon et Jason-1 sont passés au-dessus du Golfe du Bengale.
Ils ont mesuré le niveau de la mer sur 3.000 km au moment où le tsunami frappait le Sri Lanka. Yves Ménard précise dans un article de Libération du 8 janvier 2005 :
"L'observation en direct du passage d'un tsunami est rendue possible par la très grande précision des radars embarqués. «Comme leur tâche d'observation est large, un cercle d'environ 2 kilomètres de moyenne, les radars de Topex-Poseidon et Jason filtrent l'état de la mer», ..... Les données collectées le 26 décembre par les satellites d'observation serviront à vérifier les modèles de propagation des tsunamis dont disposent les scientifiques".
L'internaute intéressé peut d'ailleurs "faire tourner" l'un de ces modèles de simulation sur le site de l'UNESCO/IOC : Simulation Tsunami.
Dans notre article du mois dernier (Vers une Veille Mondiale "Océan et Climat"), nous n'avions pas indiqué la raison d'être d'institutions comme l'OMM (Organisation Mondiale de le Météorologie) et la COI : le coût annuel d'observations permanentes bien choisies est une fraction des bénéfices ou des pertes évitées qu'un système mondial d'auscultation permanente de notre planète, intégré du local au global, peut apporter.
La problématique est un peu celle de la prime d'assurance, toujours un peu chère.... tant qu'on a pas eu d'accident !