Ou des "énergies marines"?
Michel Gauthier
Cette expression désigne les phénomènes marins naturels et susceptibles d’être “exploités” pour produire de l’énergie utile aux activités humaines. L’expression anglaise “to harness marine energy” exprime bien l’idée qu’il faut “harnacher” les phénomènes comme on le fait pour les animaux de trait.
La figure ci-après tente de représenter l’ensemble de ces phénomènes mais dans l’expression telle qu’utilisée couramment aujourd’hui quand on parle “d’énergies marines” cet ensemble est réduit aux phénomènes physiques des marées, des courants, des vagues et des différences de températures. Certains conviennent d’y inclure l’énergie éolienne non pas pour rappeler l’utilisation du vent par les navires à voiles mais pour différencier les problèmes posés par les “éoliennes” selon qu’elles sont implantées en mer (offshore) ou à terre.
L’utilisation de l’énergie des marées est très ancienne. Les “moulins mers” bretons en sont des vestiges. L’usine EDF construite sur la Rance produit 0,7% de l’électricité générée en France. La technologie est éprouvée. Les obstacles au développement de cette “filière” marémotrices sont: un nombre limité de sites littoraux propices à l’installation des usines, des impacts lourds sur l’environnement local et des coûts de construction élevés.
À part les marées tous les autres phénomènes sont les résultats des transformations successives de l’énergie émise par le soleil et absorbée puis stockée sous forme de chaleur dans l’atmosphère et les océans. Ainsi, les échanges d’énergie entre l’océan et l’atmosphère créent les vents qui créent les vagues puis la houle et aussi les grands courants moteurs de la circulation océanique. Ces transformations successives entraînent une dégradation à la fois en quantité et en qualité du potentiel énergétique initial; on conçoit que c’est au niveau le plus haut, c’est-à-dire au niveau de la ressource thermique stockée dans l’eau océanique, que le potentiel exploitable est maximum.
De nombreux procédés ont été proposés, construits et expérimentés pour évaluer la viabilité de l’exploitation de ces ressources: houlomotrices pour exploiter l’énergie des vagues, hydroliennes pour exploiter celle des courants, procédé ETM (Energie Thermique des Mers) pour exploiter la ressource thermique, etc. Aucun n’a atteint un stade de développement industriel car leurs coûts de production sont plus élevés que ceux des filières brûlant des combustibles fossiles ou nucléaires. L’introduction de certains coûts dits sociaux et environnementaux, actuellement “externalisés”, dans les calculs des prix de l’énergie, serait a priori favorable au développement de ces énergies de type renouvelables. Donner un “coût à ce qui n’en a pas“, («Pricing the priceless»), est une entreprise politiquement lourde. Le projet "ExternE" de la Commission Européenne constitue un pas dans le bon sens; il reste a vérifier que cette démarche est appliquée avec la rigueur nécessaire.
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