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Processus d'élaboration et de publication des rapports du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC)

Michel Petit

Les rapports du groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont publiés et consultables sur le site http://www.ipcc.ch

Tout le monde peut constater que des estimations et des barres d’incertitude sont clairement fournies. Bref, ils n’ont rien de “ la bouillie pour les chats ” qu’on pourrait redouter au terme d’un consensus diplomatique. Cependant, ils sont effectivement approuvés à l’unanimité par tous les pays membres dont le nombre approche 200. 
Les rapports du GIEC sont rédigés bénévolement par des chercheurs et seules quelques personnes assurant un support technique sont rémunérées. Le groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, plus connu dans le monde sous son nom anglais, Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) est une création conjointe de l’organisation météorologique mondiale (OMM) et du programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Il regroupe tous les états-membres de l’une ou l’autre des ces deux organisations. Sa mission est d’évaluer l’état des connaissances (y compris les incertitudes et les controverses scientifiques) sur les questions politiquement pertinentes pour l’élaboration des actions possibles face au changement climatique, en se gardant soigneusement de suggérer quelque décision que ce soit. Le GIEC comprend actuellement trois groupes de travail qui se consacrent respectivement :

  1. au phénomène du changement climatique, 

  2. aux conséquences de ce changement et à ce qu’on peut faire pour s’y adapter, 

  3. aux possibilités de maîtriser les émissions de gaz à effet de serre qui en régissent l’amplitude. 

Son assemblée générale est composée des représentants des états-membres et décide de la structure des grands rapports qui rythment la vie du groupe. Le troisième d’entre eux a été approuvé en 2001, les deux précédents l’ayant été en 1990 et 1995. 

Des rapports spéciaux intermédiaires sur des sujets limités peuvent également être décidés. L’assemblée générale élit, pour la durée de la préparation de chacun des rapports majeurs, un Bureau qui, outre un président et quatre vice-présidents, comprend les bureaux des trois groupes de travail qui travaillent indépendamment pour l’essentiel. Chacun de ces bureaux de groupe comprend deux co-présidents, l’un d’un pays développé, l’autre d’un pays en développement et six membres représentant les diverses régions du monde. Les membres de ces bureaux sont des scientifiques reconnus et les deux co-présidents sont des personnalités de stature internationale. Le pays développé qui présente un candidat à la présidence d’un groupe s’engage, en cas d’élection, à financer une unité de soutien technique de quelques membres, qui assistera le bureau dans l’exercice de ses responsabilités. Ces dernières consistent tout d’abord à proposer à l’approbation de l’assemblée générale le plan détaillé du rapport du groupe de travail qui est divisé en chapitres. Après l’obtention d’un consensus sur ce plan, les états ont quelques semaines pour proposer des noms de personnes susceptibles de prendre une responsabilité dans la rédaction de chacun des chapitres. Le Bureau choisit pour chaque chapitre une équipe de deux coordinateurs assistés de quelques « auteurs principaux » qui ont la responsabilité d’écrire les diverses parties du chapitre. Ces auteurs sont choisis dans des listes proposées par les états-membres. Ces équipes, une fois choisies, sont entièrement responsables du contenu de leur chapitre et engagent donc leur réputation vis-à-vis de leurs pairs. Il en ira ainsi tout au long du processus jusqu’à l’approbation du rapport de chacun des trois groupes de travail au cours d’une assemblée plénière. Cette dernière est composée de représentants des états, mais ce sont les deux scientifiques co-présidents du groupe concerné, qui orientent les débats, en assurant la présidence des sessions et recueillent l’aval des responsables d’un chapitre, avant toute modification.
On en arrive à cette étape finale qu’après une double procédure de relecture critique. Une première version est soumise à la revue par des experts du domaine abordé, désignés par les états-membres et par les organisations non gouvernementales (ONG) concernées par le changement climatique, qui ont un statut d’observateur. Certaines de ces ONG sont d’obédience écologiste, d’autres représentent les vues des pétroliers et des autres lobbies de producteurs d’énergie. Toutes les sensibilités sont donc présentes et, de plus, la liste des experts n’est pas fermée : toute remarque scientifique est prise en compte, quel qu’en soit l’auteur. 

Ainsi, en France, tout scientifique qui le désire peut obtenir l'accès au texte proposé et faire parvenir au secrétariat du GIEC France toutes les remarques qu'il voudrait faire, ou les amendements qu'il désirerait voir apporter à ce texte .

Les commentaires reçus sont regroupés ligne par ligne et utilisés pour produire une deuxième version. Cette deuxième version est envoyée, pour avis, à tous les experts ayant commenté la première, ainsi qu’à tous les gouvernements qui sont invités à envoyer chacun une liste unique de remarques. A ce stade, on voit l’influence politique reprendre un certain poids, limité par le caractère scientifique obligatoire des commentaires. Cette deuxième série de critiques est traitée exactement comme la première. C’est le résultat de cet exercice qui sera soumis à l’approbation de l’assemblée générale. 
En outre, le bureau de chaque groupe de travail organise la rédaction d’un sommaire pour décideurs, soumis lui aussi à une double revue. Ce sommaire qui résume les résultats les plus pertinents de tous les chapitres en une dizaine de pages de texte et autant de pages de figures et de tableaux, est adopté mot à mot par l’assemblée générale qui lui apporte des amendements jugés par les auteurs comme compatibles avec la vérité scientifique. Avec un léger retard par rapport aux rapports des trois groupes de travail, un rapport de synthèse présentera la réponse à quelques questions générales clefs et comprendra lui aussi un sommaire pour décideurs approuvé mot à mot par l’assemblée générale. 

Ce processus rigoureux et lourd, nécessitant plusieurs années de travail, permet au GIEC de produire des rapports qui sont considérés comme fidèles par la communauté scientifique et comme objectifs par tous les états sans exception, quels que soient leurs intérêts propres. Cette alchimie miraculeuse est obtenue en donnant à chacune des deux parties prenantes un poids qui varie au cours des diverses étapes : les politiques choisissent collectivement des équipes scientifiques compétentes et équilibrées, puis laissent quartier libre aux scientifiques pour rédiger leur rapport et reprennent la main lors de l’adoption finale, tout en restant à l’écoute des scientifiques et sous la présidence de scientifiques qui maintiennent le débat sur le plan de l’objectivité de la rédaction proposée.

Voir aussi : "Réponses aux arguments de ceux qui doutent de la réalité d’un changement climatique anthropique" de Michel Petit.

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