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 Petite Galliléade Galilée à l’Académie des Sciences

Michel Lefebvre et Bruno Voituriez

Facétieux le Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Sciences lance à la secrétaire chargée d’envoyer les invitations au colloque inaugural de l’Année de l’astronomie : n’oubliez pas Galileo, c’est en quelque sorte son anniversaire, cela lui fera plaisir ! Ainsi fit-elle en envoyant une invitation au responsable du projet européen Galileo de navigation par satellite.
Le lendemain elle reçut un bref message électronique énigmatique :

« gratias vobis refero ; ad vestrum colloquium ibo. » 

venant de l’adresse suivante :

« Galileo.galilei @patris-domum.cael ». 

Elle le transmit au Secrétaire perpétuel qui la pria de ne plus l’importuner avec ses plaisanteries en ajoutant dans un sourire : « dites lui quand même qu’il est le bienvenu ». Ainsi fit-elle et reçut dans la minute un nouveau message :

« nunc vester sidereus nuntius sum ».

Perplexe le Secrétaire perpétuel suspecta un bug, un virus ou un pirate et testa la validité de l’adresse ( il se retint de dire céleste ) électronique en envoyant un nouveau message avec demande d’accusé de réception :

« Êtes vous bien Monsieur Galilée réputé décédé en 1642 ? Souhaitez vous un traducteur latin/français : on peut encore en trouver au Vatican, mais peut-être cela vous offenserait-il ? ». 

Il reçut cette réponse : 

« Que savez vous du temps, Monsieur le Secrétaire qui vous dites vous-même perpétuel ? L’usage de toutes les langues m’est devenu familier et il m’amuserait, ainsi d’ailleurs que le Cardinal Bellarmin devenu mon ami mais qui ne peut m’accompagner que vous invitiez le président de la " Congrégation pour la doctrine de la Foi " ».

Le Secrétaire perpétuel convint donc avec le Comité d’organisation qu’il fallait à tout hasard préparer l’accueil de l’illustre savant, organiser le programme en conséquence et informer l’Académie Pontificale.
Tombé sans doute du ciel sans que personne ne le vit Galilée se présenta à pied quai Conti, le front dégarni, la barbe fournie parfaitement conforme aux images que les peintres ont donné de lui.

Galileo Galilei, dit Galilée. Physicien, Mathématicien et Astronome. 1564 - 1642

Le président de l’Académie des sciences se précipita à sa rencontre et l’accueillit en ces termes devant un auditoire ébahi mais émerveillé :

« Monsieur, en ce quatre centième anniversaire de vos premières observations astronomiques, c’est un immense honneur pour nous de vous recevoir ici. 
Vous, le pionnier de l’observation du ciel, 
Vous qui nous avez fait découvrir les reliefs lunaires, les phases de Venus, les satellites de Jupiter,
Vous qui nous avez appris que pour connaître, il fallait observer, que vaines sont les spéculations que ne vient étayer aucune observation.....

Dessins de la Lune publiés par Galilée dans son "Sidereus Nuncius" en 1610.

Phases de vénus dessinées par Galilée en 1639

Dessin de Galilée représentant les trois petits satellites de Jupiter, les 7, 8 et 10 janvier 1610

Nous nous efforçons de suivre votre exemple et développons sans cesse de nouveaux moyens d’exploration de l’Univers qui nous permettent de voir de mieux en mieux de plus en plus loin.
Nous avons marché sur la lune, nous avons envoyé des robots sur Mars, des observatoires autour de Venus et à travers le système solaire dont l’explorateur de Jupiter auquel nous sommes fiers d’avoir donné votre nom. 
Nous avons aussi envoyé vers les étoiles au-delà du système solaire des sondes véritables « messagers de la Terre » avec l’espoir d’une réponse venant d’un autre monde habité. 

Sonde Venus Express, petite  sœur de Mars Express, après les sondes soviétiques Venera , le passage rapide de Galileo en route pour Jupiter et la mission Magellan 

Vue de Venus et Venus Express a partir de la Terre  - Source ESA -

Sans succès jusqu’à présent. Nous scrutons la nature et le mouvement des étoiles à la recherche de soleils semblables au nôtre entourés aussi de planètes qui pourraient porter la vie et nous découvrons sans cesse de nouvelles planètes mais, hélas, inaptes à la vie. aussi le vertige nous prend-il parfois : sommes nous seuls dans cette immense univers ? Et le sentiment de solitude qui nous étreint alors croît à proportion des connaissances que nous acquérons sans cesse et du recul de l’horizon accessible à nos instruments.

Certains glosent sur l’extrême finesse de l’ajustement des constantes universelles pour en déduire qu’il y a forcément une intelligence supérieure créatrice de cet univers. D’autres essaient d’évaluer la probabilité d’autres terres possibles au sein des millions de systèmes planétaires qu’annoncent les observations actuelles. 

"C'est une grande chose assurément d'avoir ajouté a la multitude des étoiles fixes déjà découvertes jusqu'ici par la simple vue à l'œil nu d'autres et innombrables étoiles jamais aperçues jusqu'à nos jours et de les exposer à nos regards en nombre plus de dix fois supérieurs à celui des anciennes déjà connues". - Galilée - Extrait de "Messagers des étoiles"

Galaxie elliptique géante cannibale Centaurus A , image du Very Large Telescope de Paranal au Chili - ESO

D’autres encore partant de l’observation de la Terre s’essayent à définir les propriétés indispensables que doit avoir une planète pour porter la vie et l’Homme. Ils en identifient huit dont une particulièrement spécifique tant elle paraît improbable : la présence d’un satellite associé comme la Lune qui stabilise l’axe de rotation de la Terre ; faute de quoi cette dernière aurait connu des basculements brutaux, un ralentissement de sa vitesse de rotation et finalement le sort de Venus où la température, nous le savons maintenant est de 480°C. Compte tenu des conditions très précises à remplir (masse, paramètres orbitaux de la Lune) pour obtenir cette stabilisation, les tenants de ce que l’on appelle le « dessein intelligent » y voit la confirmation définitive d’un Créateur qu’ils appellent Dieu qualifié de « parfait, infiniment bon infiniment aimable » ou « Tout Puissant et Miséricordieux ».

Personnellement si tant est que leurs arguments sont recevables je qualifierai plutôt ce Créateur de diabolique tant il m’apparaît que le moteur de la Création n’est qu’une suite de catastrophes : explosions, collisions, cataclysmes. Et la vie elle-même : fallait-il calculer, comme pour la création de la lune, la trajectoire d’un astéroïde pour massacrer les dinosaures et faire place à l’homme ? Aussi personnellement préfèré-je me passer de cette hypothèse stérile et assumer mon ignorance en cherchant à la réduire en sondant inlassablement l’Univers suivant en cela l’exemple que vous nous avez donné. 

La lune à la une

 

En 1993, Jacques Laskar , a montré, que pour toutes les planètes telluriques (Mercure, Vénus, Terre, Mars), les perturbations planétaires sont de nature a créer un mouvement désordonné de leur axe de rotation (par rapport au plan de leur orbite autour du soleil). Dans le cas de notre planète, les "variations chaotiques" de son axe de rotation sont "tranquillisées" par la présence de la Lune: au lieu de varier entre 0 et 85 °, son inclinaison, ("Clima" en grec), ne varie que de 22 à 24,6 °.

Vue de la Lune en orbite autour de la Terre prise par la sonde Galileo - Source Nasa

Nous tous ici réunis nous aimerions connaître votre sentiment sur les résultats que nous venons de vous présenter succinctement et les questions que nous ne pouvons pas ne pas nous poser et que je résume ainsi : la Terre n’est pas physiquement au centre de l’Univers mais porteuse de l’Homme en est-elle le centre métaphysique ? Peut-être pourrez vous nous répondre vous qui venez d’au-delà du temps et de l’espace ; mais au fait d’où venez vous Monsieur Galilée ? "

Galilée souriait, énigmatique, indifférent à l’attente anxieuse de l’auditoire et au mitraillage photographique dont il était objet . Il prit enfin la parole :

« Je me suis présenté à vous comme votre messager des étoiles et ai inventé par dérision une adresse électronique céleste. Je vous prie de bien vouloir excuser cette mauvaise plaisanterie et les allusions douteuses à un passé qui fut pour moi douloureux .

D’où viens-je ? je ne le sais pas moi-même. Grands sont encore les mystères de la physique de l’Univers qui me permettent ainsi de vous rencontrer ce qui me procure une joie extrême sans que j’en comprenne ni le pourquoi ni le comment. Je fais confiance aux brillants savants que vous êtes pour résoudre la surprenante énigme de cette téléportation spatio-temporelle.

Que sais-je ? Rien de plus que vous et vous sais gré d’avoir mis à jour mes connaissances. Je suis heureux de voir les progrès que vous avez accomplis. Mon message est simple :

il n’y a pas d’autres sources de connaissances que les observations alors continuez sans relâche. 

Il n’est pas exclu qu’un jour vous compreniez le « tout » même si j’en doute tant il me paraît peu probable que la si petite partie que vous êtes puisse un jour comprendre ce tout qui, je le sais, est beaucoup plus complexe que vous ne pouvez l’imaginez. Mais comme l’on dit : il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre. Alors persévérez !
Que crois-je ? On prête à Socrate l’expression : « Je sais que je ne sais rien ». D’où ma question : est-il besoin de pallier l’ignorance par une croyance plutôt que par la quête obstinée de la connaissance que la croyance généralement entrave et j’en sais quelque chose ? Je ne le pense pas. Il n’y a pas de révélation j’en suis certain : vous devez assumer votre humanité elle est votre seule ressource ; en toute incertitude, c’est votre, notre, noblesse.

Cela fait-il de la Terre hôtesse de l’Homme le centre métaphysique de l’Univers ? Là encore ma réponse est : je ne sais pas et je suis désolé d’être un si piètre messager. Mais après tout je ne suis l’envoyé de personne. 

J’ai pourtant une certitude : la Terre n’est peut-être pas unique… ». Il s’interrompit alors, hésita , se leva finalement pour prendre congé, fit quelques pas vers la porte puis avant d’en franchir le seuil se retournant vers l’assemblée lança avec fermeté :

 « non la Terre n’est peut-être pas unique…… mais elle est rare ! »

Il sortit rapidement. Malheureusement aucun des participants tous frappés de stupeur et oubliant la leçon du Maître n’eut l’idée de le suivre pour « observer » sa disparition car depuis plus personne ne le vit et aux messages que nous lui envoyons c’est « mailer daemon » qui désormais répond.

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