Articles divers
Un Livre Blanc sur l’état et l’évolution de la forêt métropolitaine française.
Pierre Chevallier
La Société Botanique de France a publié en novembre 2021 un intéressant Livre Blanc intitulé L’introduction d’essences exotiques en forêt . Au delà du problème de l’introduction de nouvelles espèces, ce document de 74 pages fait un constat sérieux de l’état du couvert forestier en France et de ses évolutions sous l’influence du changement climatique.
La forêt couvre 31 % du territoire métropolitain français avec 93 % d’essences indigènes et 60 % de feuillus. Au 3/4 privée, elle assure une fonction économique essentielle : 400 000 emplois, 60 milliards d’€ de chiffre d’affaire. Son rôle dans la séquestration de CO2 , la conservation des sols et la régulation du cycle de l’eau est primordial. On observe toutefois une dégradation sensible de l’ensemble forestier depuis une vingtaine d’années qui se traduit par des migrations d’espèces végétales (et plus rapidement animales) vers le nord et une évolution vers un type méditerranéen... La tendance vers une sylviculture mono-spécifique accentue la vulnérabilité aux ravageurs et aux événements climatiques extrêmes.
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Coup de chaud sur les montagnes
Coup de chaud sur les montagnes,
par Bernard Francou et Marie Antoinette Mélières
240 pages, 62 illustrations,
Editions Paulsen, Guérin, Chamonix,
septembre 2021.
39,50 €
Bernard Francou est glaciologue, retraité de l’IRD. Marie-Antoinette Mélières est climatologue, retraitée du CNRS.
Au moment de la publication du 6ème rapport de l’IPCC et des négociations de la COP 26, cet ouvrage à la présentation illustrée par de nombreuses photos et graphiques, fait un point rigoureux et assez complet sur la situation des massifs montagneux de la planète, considérés sous le double éclairage de témoins privilégiés des changement en cours, d’une part, et de milieux de vie peuplés de sociétés humaines aux activités variées et riches d’une grande biodiversité, d’autre part.
Il est organisé en trois parties : la première explique le réchauffement dans les montagnes, mais pas seulement ; la seconde s’intéresse aux conséquences du réchauffement en montagne et la troisième évalue le futur du milieu montagnard.
La première partie, rédigée par Marie-Antoinette Mélières est intitulée «Le climat se réchauffe». Elle détaille comment le climat affecte le milieu montagnard en insistant principalement sur deux volets : l’étagement de la couverture du sol et l’orientation des versants. Un large exposé est ensuite consacré à une approche générale (pas seulement dans les montagnes) des mécanismes climatiques, de leur variabilité au cours du temps long et du réchauffement accéléré de la période actuelle. Des focus sont faits sur les régions de montagnes (arc alpin, Groenland), ainsi que sur la contribution de la fonte glaciaire au niveau marin. Cette partie s’achève sur une rapide présentation de trois scénarios RCP (Representative Concentration Pathways), définis pour le 5ème rapport de l’IPCC en 2014, de réchauffement futur, scénarios qui serviront de référence dans les deux autres parties de l’ouvrage.
La seconde partie, rédigée par Bernard Francou, consacrée au réchauffement en montagne, aborde successivement les grand « objets » du milieu : les glaciers, la neige, le pergélisol et les écoulements liquides. La question de la perte de masse généralisée des glaciers est traitée à l’échelle des grandes régions du monde à partir d’explications sur leur fonctionnement (accumulation, ablation) et sur l’indicateur qu’est le bilan de masse. Des zooms sont proposés sur des glaciers alpins (Mer de Glace, Sarennes, Aletsch). Le constat est fait d’un recul inéluctable, voire de la disparition, de la couverture neigeuse à basse et moyenne altitude et de la contraction de la saison d’enneigement. Le rôle du pergélisol (glace de la porosité du sol et des fissures de roche) et de sa fonte progressive est ensuite discuté, conduisant à des « écroulements », modifiant les paysages et les sites dont certains étaient emblématiques (en particulier pour les grimpeurs), avec des risques pour les implantations humaines. Enfin, la fonction de réservoir d’eau joué par les montagnes change avec une modification des régimes d’écoulement, aussi bien en volume que dans la distribution saisonnière. Des exemples sont données dans les Alpes, dans les Andes, ainsi qu’en Asie, de l’arc himalayen à l’Asie Centrale.
La troisième partie, rédigée aussi par Bernard Francou, clôt le panorama en traitant de ce que vont devenir les montagnes pour ceux qui y habitent ou qui les fréquentent. Elle détaille l’accentuation des risques, les menaces sur le tourisme et les sports d’hiver, l’adaptation contrainte des alpinistes et la pression sur la couverture du sol : agriculture, pastoralisme et forêts. Une dernière section propose une réflexion sur les conséquences de ces changements pour les habitants de la montagne dont les croyances et les traditions sont remises en question et qui doivent reconstruire une «nouvelle vision».
Dans les dernières pages, un court et utile glossaire rappelle les définitions des principaux objets, variables ou concepts abordés.
En conclusion, cet ouvrage dont l’argumentation scientifique est bien actualisée (avec certaines références de travaux publiés en 2021) est particulièrement riche et solide. Bien qu’il requière probablement un niveau universitaire, il permettra, aussi bien à des acteurs des milieux montagnards qu’à des scientifiques désirant élargir leur spectre de connaissance, d’accéder à une information et à une discussion quasi-exhaustive sur l’actualité et le futur du réchauffement en montagne. Le choix d’un format large accompagné d’une riche iconographie facilite grandement la lecture.
C’est un «beau livre» à déposer au pied du sapin de Noël, mais peut-être pas pour tous les publics.
- Écrit par : Pierre Chevallier
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