Cédé par la France au Brésil en 2000, et rebaptisé «Sao Paulo», le porte avions Foch vient d’être coulé le 19 janvier dernier
Source Wiipédia
Cédé par la France au Brésil en 2000, et rebaptisé «Sao Paulo», le porte avions Foch vient d’être coulé le 19 janvier dernier à 350 km au large des côtes brésiliennes par 5000 m de fond. Ce sabordage contrevient à l’esprit des traités et accords censés encadrer la mise au rebut des grands navires : la première convention internationale pour le recyclage dans des conditions optimales des navires en fin de vie a été adoptée par les États membres de l'Organisation maritime internationale en 2009, et la France a été le premier des 15 États à la ratifier. Un règlement européen qui s’en inspire est en vigueur depuis janvier 2019, et s’applique aux navires commerciaux d' une jauge brute supérieure à 500 tonneaux battant pavillon d'un État membre de l' UE, mais il ne s'applique pas aux navires de guerre.
C’est donc dans un flou juridique qu’ONGs et associations de défense de l’environnement ont vivement protesté contre ce sabordage, en raison des quantités importantes de polluants que contient le navire (plomb, amiante, peintures…) et des risques encourus par la faune profonde pendant des siècles. Remarquons toutefois que la marine brésilienne a choisi un site qui, par sa profondeur et sa localisation, est pratiquement un désert biologique, bien loin de la prolifération de vie des dorsales océaniques. Et rappelons aussi que l’épave du Titanic fait rêver des millions de personnes, et qu’on se rend aux îles Salomon pour plonger sur les épaves des navires de la guerre du Pacifique. Se débarrasser de certaines épaves conduit souvent à des errances sans fin. À cet égard, le porte avions Foch a été ce qu’on appelle familièrement une «patate chaude» dont personne ne voulait (voir en encart les pérégrinations du porte-avions Clemenceau), et que la France a cédé au Brésil où il a été rebaptisé «Sao Paulo». Endommagé par un incendie en 2005, il a alors été désarmé. Il a fait un temps l’objet d’un projet pour être transformé en palace flottant avec golf, cinémas et restaurants. Ce projet abandonné, il devait être démantelé dans des conditions en principe conformes aux conventions internationales en Turquie, mais après être parvenu jusqu’à Gibraltar, la Turquie ayant renoncé, il a dû faire demi tour sous les protestations des ONGs environnementales, jusqu’à ce que la marine brésilienne décide de le couler.
L’errance du porte-avions Clémenceau, 1997-2009
Le porte-avions Clemenceau, désarmé en 1997, devait d’abord être démantelé en Espagne, d’où il a irrégulièrement été envoyé vers la Turquie, puis intercepté au large de l’Italie et ramené en France où il a été envisagé, puis refusé, d’en faire un récif artificiel favorable au développement d’un écosystème de récif. Acheté en 2003 par une compagnie pour être démantelé, il n’est parti vers l’Inde que deux ans plus tard après que les obstacles juridiques dressés par des associations environnementales aient été levés. Arrivé au canal de Suez, avec, à son bord, des militants de ces associations, il a un temps été bloqué en Egypte, puis, finalement, après le refus de l’Inde de l’accueillir sur ses chantiers, remorqué jusqu’à Brest en contournant le Cap de Bonne Espérance. Il y restera sous les polémiques jusqu’en 2009, où il sera décidé de le remettre pour démantèlement à une société anglaise. Le coût pour l’état français de ce démantèlement aurait été de plus de 20 millions d’Euros, qui s’ajoutent aux autres millions d’Euros qu’a coûtés son errance.