Reconstituer le passé, observer le présent, analyser les données observées des milieux naturels
Les flotteurs ARGO en 2025 : OneArgo - Source ARGO
Reconstituer le passé, observer le présent, analyser les données observées des milieux naturels (atmosphère, océans, continents, glaces…), modéliser les processus, prévoir le futur (à partir d'hypothèses) sont les mots-clés de la recherche sur le climat.
C'est ce qui a pu être mis en œuvre pour les Océans en 2000, grâce au programme international ARGO, premier réseau global d' observation in-situ tant en surface qu’en profondeur sous l'égide de la COI et de l' OMM.
La France a participé à son financement dès le début. Le Congrès américain pas très motivé a finalement suivi en donnant un financement à la NOAA, ce qui a permis d'accélérer le projet. Puis 17 pays se sont engagés (dont, outre la France et les États-Unis, onze autres pays européens, la Chine, le Japon, l' Australie, l'Angleterre) ; aujourd' hui, une trentaine sont actifs.
Le programme ARGO, c’est la collecte des données sur un temps long en libre accès, plus de 4 000 flotteurs en service allant à des profondeurs de 0 à 2 000 m, pour un plus petit nombre à 4 000 m et bientôt à 6 000 m, qui collectent des données sur la température, la salinité pour l'essentiel (plus de 100 000 profils par an entre 0 et 2000 m), ainsi que sur certains nouveaux types de flotteurs, l' acidité, l'oxygène, la chlorophylle, la lumière ou le nitrate …. C' est aussi la publication de plus de 2 000 articles scientifiques dans le monde qui contribuent à une connaissance approfondie des écosystèmes marins et de leur relation avec le climat.
Ces mesures, complémentaires des données satellites sont utilisées pour l' amélioration des connaissances de l' océan interne : la circulation océanique globale, y compris les cellules méridiennes assurant l’oxygénation des masses d' eau profondes, l' amélioration des modèles climatiques, l' étude des changements climatiques sur plusieurs décennies…, mais aussi par les systèmes d' océanographie opérationnelle tels que Mercator Ocean et le Service de Surveillance de l' Environnement Marin (CMEMS) du programme européen Copernicus.
Depuis le début du programme ARGO, la France a été leader de l'effort européen pour cette infrastructure mondiale en s' impliquant dans tous les aspects du programme ARGO : coordination européenne, centre de données (elle possède l'un des deux centres mondiaux de traitement), développement de l' instrumentation, recherche et océanographie opérationnelle.
Elle a pris dès 2011 les dispositions pour mettre en place le projet NAOS (Novel Argo Ocean observing System) pour une durée de 9 ans. La consolidation sur le plan administratif est intervenue en 2014 avec la mise en place d'une structure légale Euro-Argo ERIC (European Research Infrastructure Consortium), qui organise et fédère les contributions européennes à Argo et dont le siège est localisé à Brest. Aujourd' hui la France annonce un investissement de 21 millions d' euros pour participer au renforcement du programme ARGO qui s' appellera désormais OneArgo.
Grâce à ce mouvement d' amélioration continue des flotteurs, le programme Argo entre dans une nouvelle phase, appelée OneArgo, qui vise une extension aux plus grandes profondeurs (Deep Argo) et le développement du réseau de flotteurs équipés de capteurs bio-géochimiques (BGC Argo). OneArgo permettra de répondre à de nouveaux enjeux scientifiques sur le rôle de l' océan profond sur le climat, la désoxygénation et l' acidification des océans, ou encore le cycle du carbone. Pour cela, OneArgo doit maintenir 4 700 flotteurs (2 500 standards, 1 200 profonds et 1 000 BGC) en opération dans l' ensemble des océans, nécessitant un déploiement de 800 nouveaux flotteurs par an. La contribution de la France à ces évolutions du programme Argo se fera dans le cadre de 3 projets distincts.
- Le projet ObsOcean du Contrat de Plan Etat-Région (CPER) Bretagne (2021-2027) Qui prévoit l'acquisition de flotteurs et la gestion des données acquises pour la nouvelle phase d' Argo 2021-2027 : flotteurs standards, dont certains avec capteurs d'oxygène, flotteurs profonds faisant des mesures jusqu' à 4 000 mètres, flotteurs BGC (biogéochimiques).
- Le projet Piano du Plan d'investissement exceptionnel de l' Ifremer (2021-2025); Essentiellement dédié à des développements technologiques concernant le flotteur et les capteurs pour consolider les technologies existantes, et au développement d'une deuxième génération de flotteurs profonds et de nouveaux capteurs pour enrichir la gamme de flotteurs biogéochimiques.
- L'Equipex+ Argo 2030 de l' Agence Nationale pour la Recherche ANR (2021-2029). Il servira de démonstrateur scientifique et technique pour les flotteurs BGC et Deep de deuxième génération (BGC-ECO et Deep-6000). Les 22 flotteurs Deep-6000 et les 15 flotteurs BGC-ECO qui seront acquis et déployés dans Argo-2030 fourniront des observations allant de la dynamique physique aux niveaux trophiques élevés (zooplancton et petits poissons), étendant ainsi le champ d'application d' Argo à la recherche écologique marine. Les flotteurs Deep-6000 renforceront le réseau Argo en échantillonnant les couches abyssales et en fournissant des observations biogéochimiques profondes grâce aux capteurs d'oxygène dont ils seront équipés. Ces flotteurs vont révolutionner les sciences océaniques en palliant et, à terme, en résolvant le sous-échantillonnage chronique des couches et écosystèmes marins abyssaux.
Source Ifremer
Documentation
Ifremer : 21 millions d’euros d’investissement : Argo France doté de nouveaux moyens pour sonder l’océan
Publication du site :
Observation de l'océan depuis l' océan - Mesures In-Situ